26 juin 2008

Tomáš Kaberle

(info sur Tomáš Kaberle)

Un capitaine fin prêt à faire le travail

Thomas Kieller

Tomáš Kaberle : Un moment apprécié.

Doué d’un sens du jeu fort éclairé et d’un tempérament de leader, Tomáš Kaberle est le capitaine de l’équipe nationale tchèque pour le championnat mondial de hockey 2008 où plusieurs vétérans illustrent leurs talents. Entouré d’Elias, Plekanec, Kotalik, Vrbata et Erat, cet arrière ne tient pas seulement la ligne bleue mais supporte souvent l’offensive pour son pays comme il le fait avec les Maple Leafs de Toronto. Distributeur affirmé de passes, il crée pour ses coéquipiers de bonnes situations de marquer. Sa vision du jeu est notée! Au sein de cette équipe nationale expérimentée, ce défenseur réservé mais combien sympathique n’hésitera pas à montrer l’exemple en se battant jusqu’à la fin. Un joueur talentueux qui est bien déterminé à faire le travail!

L'entrevue a été réalisée le 5 mai 2008 à 13h15 dans la salle de conférence de presse du Colisée Pepsi à Québec, Canada, un des deux arénas où se tenait le championnat mondial de hockey 2008.

Prélude – Se frayant un chemin parmi la vingtaine de journalistes tchèques, Tomáš vient me dire comment l’équipe de la République Tchèque se prépare pour le championnat mondial.

Équipe expérimentée

Thomas Kieller : Entrant dans le championnat mondial de hockey 2008, l’équipe tchèque n’est pas considérée la favorite à remporter le tournoi. Elle se retrouve après le Canada et la puissante Russie. Pourtant, vous vous êtes bien battus contre les Russes lors du deuxième match. Ton équipe a eu l’avantage dans cette partie, mais malheureusement le résultat n’était pas concluant à la fin; vous avez perdu 5 à 4 en prolongation. Est-ce que c’est un avertissement pour la suite?

Tomáš Kaberle : Oui, je pense que nous avons joué un bon match, mais je suis certain que nous pouvons faire mieux défensivement et éviter les punitions surtout lors des matchs importants. Nous devons rester concentrés sur cet aspect, car les unités spéciales peuvent faire la différence dans un tel tournoi. Nous avons pris tellement de punitions contre les Russes. Nous savons qu’ils ont des joueurs qui ont un bon maniement de la rondelle et qui peuvent faire la différence. Concernant notre équipe, nous avons compté quatre buts en avantage numérique ce qui est très bien. Toutefois, une équipe doit trouver la façon de gagner le match et pour cela il faut rester concentré en évitant les mauvaises punitions et en restant bien positionné par rapport à la rondelle.

Thomas Kieller : Donc, il est possible d’apprendre d’une telle défaite?

Tomáš Kaberle : Bien sûr, nous savons que nous avons une bien bonne équipe et ce match était un bon test pour nous. Espérons que lors des prochains matchs, nous serons plus astucieux.

Thomas Kieller : Lorsqu’on entre dans un tournoi où les invitations sont faites rapidement, quelle est la stratégie pour unifier l’équipe?

Tomáš Kaberle : Les dernières années, l’équipe tchèque avait et a toujours une chimie dans le vestiaire avec un groupe de bon gars. Nous avons beaucoup de plaisir ensemble et c’est un important aspect pour avoir du succès à l’extérieur de la patinoire et sur la glace. Néanmoins, les principaux éléments pour être performant sont de se présenter à chaque soir, de donner son 100 % et de croire en son coéquipier. Un ou deux joueurs ne feront pas la différence. Il faut jouer en équipe.

Thomas Kieller : Est-ce que les entraînements compte pour beaucoup pour solidifier l’équipe ou bien c’est juste basé sur le talent, car il s’agit d’un tournoi de deux semaines?

Tomáš Kaberle : Non, ce n’est pas vraiment une question de talent. Je dirais plutôt que c’est plus une question de timing, c’est-à-dire bien jouer au bon moment du tournoi. Il est certain que cela commence avec la ronde éliminatoire, c’est-à-dire la quart-de-finale, puis la demi-finale et la finale. Donc, nous savons que nous devons gagner les trois dernières parties du tournoi si nous voulons avoir du succès comme nous le souhaitons.

Thomas Kieller : Donc, les pratiques sont utiles pour l’équipe même pour ce type de tournoi?

Tomáš Kaberle : Oh oui, il faut pratiquer sur ce que tu veux faire sur la glace et sur ce que tu veux apporter au match. Nous sommes ensemble depuis les quatre dernières semaines et cela fera une grande différence.

Thomas Kieller : Concernant ces quatre semaines comme tu dis, sur quoi l’entraîneur Alois Hadamaczik a-t-il porté son attention durant les pratiques?

Tomáš Kaberle : Nous nous concentrons sur pas mal tout, mais cela commence avec la défense, après nous abordons le jeu en zone centrale et enfin nous touchons la partie offensive. Tu es au courant que l’équipe tchèque est reconnue pour sa capacité à compter des buts et sur sa vitesse. Nous avons joué de cette façon jusqu’à présent.

Thomas Kieller : Est-ce que l’équipe peut se solidifier davantage plus le tournoi avance?

Tomáš Kaberle : Oui, nous aimerions voir de l’amélioration à chaque partie en faisant bien les petites choses. Espérons que tout sera bien rôder au bon moment, c’est-à-dire dans dix jours.

Thomas Kieller : Tu connais bien le scénario. Tu as représenté ton pays lors de quatre championnats mondiaux de hockey et à deux Jeux Olympiques (Salt Lake City et Turin). Tu sais ce que cela prend pour remporter la médaille d’or comme ton équipe l’a fait au championnat mondial d’Autriche en 2005. Est-ce que tu penses que le reste de l’équipe sait ce qu’il faut accomplir pour y parvenir?

Tomáš Kaberle : Oh oui, tout le monde sait pourquoi nous sommes venus ici. Tous les joueurs veulent gagner l’or et c’est l’objectif principal des Tchèques, mais avant tout nous devons nous concentrer sur les petites choses importantes reliées à la partie et pas encore sur le but final. Je dois dire que tout le monde dans notre équipe est sur la même page. Il y a des gars dans le vestiaire qui ont gagné en Autriche et avant. Tous ces éléments font une bonne équipe.

Rôle du capitaine

Thomas Kieller : Tu es un défenseur expérimenté qui a déjà joué neuf saisons dans la LNH et qui a son actif approximativement 40 sélections avec l’équipe nationale et maintenant tu portes pour la première fois le C. Comment vis-tu le rôle de capitaine sur la glace et à l’extérieur.

Tomáš Kaberle : Tout le monde a sa propre personnalité et chacun joue le rôle de capitaine à sa manière. Je suis un gars un peu discret, mais sur la glace quand je pense qu’une décision douteuse a été rendue, je vais discuter avec l’arbitre pour donner l’opinion de notre équipe. J’essaie de me concentrer sur ce que je dois faire sur la patinoire et lorsque c’est le temps de performer je le fais. J’essaie de donner l’exemple de cette manière. Dans le vestiaire de l’équipe tchèque, bien des joueurs sont des leaders et il n’y pas personne de silencieux. Nous discutons entre nous sans hésiter. C’est comme ça.

Thomas Kieller : Est-ce que tu pourrais élaborer un peu plus sur la façon dont l’entraîneur Alois Hadamczik et le directeur général Zbynek Kusý t’ont donné cette responsabilité? Est-ce qu’ils t’ont donné une raison ou un rôle spécifique ou bien c’est évident ce que tu dois faire à titre de capitaine…

Tomáš Kaberle : Nous savons tous ce qu’il faut faire. J’ai joué avec le capitaine David Výborný qui a tenu longtemps ce rôle pour notre équipe. D’une certaine manière, j’ai appris de lui en observant ce qu’il faisait. Concernant le rôle de capitaine, il faut s’occuper de l’aspect organisationnel, mais c’est surtout sur la glace qu’il faut jouer ce rôle. Donc, ils ne m’ont pas donné de conseils sur ce que je devais faire. Cela doit venir de toi!

Thomas Kieller : Les Tchèques vont avoir besoin de caractère s’ils veulent vaincre les équipes puissantes! Quand tu portes le C, est-ce que cela te motive à faire plus?

Tomáš Kaberle : Non, je ne pense pas que cela change mon implication. Il y a beaucoup de choses à faire avec les médias et d’autres aspects à l’extérieur de la patinoire, mais pour moi cela fait peu de différence. J’essaie de faire de mon mieux sur la glace, donner mon 100 % à chaque jour tout en espérant que notre équipe aura du succès.

Thomas Kieller : Représenter ton pays n’est pas quelque chose de nouveau pour toi, mais es-tu toujours aussi fier de le faire?

Tomáš Kaberle (avec émotion) : Certainement je le suis, c’est toujours un moment spécial. Lorsque j’étais un enfant et que je regardais le hockey, j’admirais les performances de l’équipe nationale. Cela me fait penser à mes anciens coéquipiers qui ne jouent plus maintenant; il y a quelque chose de spécial! Tout le monde veut jouer pour l’équipe nationale de son pays et je suis fier de le faire. Cela n’a pas d’importance si tu joues pour ton pays pour la première fois ou la dixième fois, c’est toujours la même chose pour toi. Quand l’équipe a du succès, tu sais qu’il y a une touche de frénésie dans l’air.

Thomas Kieller : Est-ce qu’il y a une différence entre jouer pour son pays et pour les Maple Leafs de Toronto?

Tomáš Kaberle : Je suis fier dans les deux cas. J’aime les Maple Leafs de Toronto. Comme tu l’as dit, je suis avec cette formation depuis les neuf dernières années et j’aimerais bien y remporter la coupe Stanley. Donc, espérons que cela arrivera un jour. C’est certain que l’équipe n’a pas bien fait les récentes années, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas bien jouer dans le futur. C’est la même chose pour l’équipe nationale, c’est toujours une occasion spéciale.

Thomas Kieller : En République Tchèque, est-ce qu’il y a beaucoup d’attentes et de pression avec l’équipe actuelle?

Tomáš Kaberle (réponds sur le champ) : Oh oui, il y a toujours de la pression et je pense que c’est bien que les gens ont de grandes attentes. Nous savons que nous avons une bonne équipe, mais il y a d’autres bonnes équipes ici comme la Finlande, la Suède, les Etats-Unis, le Canada et la Russie. C’est une question de timing et un peu de chance à la toute fin. Donc, il faut tout donner, travailler fort et faire les petites choses surtout dans un tournoi comme celui-ci. Les bons résultats arriveront éventuellement.

Thomas Kieller : Finalement, peux-tu me dire de bonnes raisons pourquoi un spectateur devrait venir voir la République Tchèque jouer et pourquoi devrait-on encourager ton équipe?

Tomáš Kaberle (rit) : Nous donnons toujours un bon spectacle. Nous ne jouons pas de matchs endormants. Nous jouons un jeu excitant avec un rythme de jeu rapide que les fans adorent. Et bien entendu, la majorité des soirs nous sortons avec une victoire méritée!

Thomas Kieller : Bien dit!