9 octobre 2017

Robin Haase

(info sur Robin Haase)

Faire les bons coups sur le court

Thomas Kieller

Photos – Copyright Jan-Willem de Lange

Robin Haase : Bien satisfait du résultat.

Passionné de sports, Robin performe sur les courts de tennis avec son service efficace et ses puissants coups droits. D’ailleurs, le joueur originaire de La Haye aux Pays-Bas est en somme un joueur complet sur le plan technique. Avec sa bonne compréhension du tennis, il s’est tiré avantage de nombreuses situations. Tel un joueur d’échec, il analyse le jeu afin de trouver la solution gagnante. Il est sur le circuit de l’Association des joueurs de tennis professionnels (ATP) depuis 12 ans où il a joué plus de 600 parties en simple et en double. Toutefois, il a aussi passé à travers quelques moments difficiles. En effet, quelques blessures sont venues l’importuner. En 2008-09, un problème à un genou l’a écarté du jeu pendant 14 mois. Ne se laissant pas abattre, il a travaillé à sa remise en forme. En 2010, il a été voté « ATP Comeback Player of the Year » soulignant son retour sur le circuit. Au fil du temps, ses efforts ont été récompensés avec deux victoires en simple lors du tournoi de Kitzbühel, Autriche en 2011 et 2012. Alors qu’en double, il a été sacré champion à Marseille, France en 2011 et à Gstaad, Suisse en 2014. De plus, il a représenté son pays onze fois à la Coupe Davis et à deux reprises aux Jeux olympiques. Il en reste qu’avec sa détermination et son expérience, Robin va toujours se battre pour essayer d’atteindre les plus hautes marches du monde du tennis comme en témoigne sa performance en 2017 lors de la Coupe Rogers à Montréal, Canada. Là, il a atteint la demi-finale de ce tournoi de l’ATP World Tour Masters 1 000. Un bon coup!

L’entrevue téléphonique a été réalisée le 27 septembre 2017 à 14h10 lorsque Robin était en Belgique.

Entraînement d’un joueur de tennis

Thomas Kieller : Tu as un service puissant et précis aussi. Comment as-tu progressé à ce niveau?

Robin Haase : Quand j’étais jeune, j’étais vraiment petit. J’ai commencé à grandir aux alentours de 16 ans. Au début, je n’avais pas un bon service. Je ne pouvais pas servir fort parce que j’étais tout simplement trop petit, mais de cette façon j’ai développé un bon « kick serve ». Je me souviens que j’essayais de ne pas être dans une position neutre. J’essayais plutôt d’utiliser ma main supérieure quand je servais. Puis, lorsque j’ai grandi et que je suis devenu grand, j’ai commencé à servir avec puissance. À un certain moment donné, je me suis questionné sur la façon de servir : commencer mon amorce à deux jambes ou prendre un pas avec la jambe droite. Bref, lorsque tu trouves ton rythme et la façon que tu aimes servir, c’est là que tu commences à améliorer les détails. Tu peux pratiquer davantage ta précision et tu peux essayer d’avoir de meilleurs angles. Il faut travailler son service sur une base quotidienne. Une des choses qui m’a beaucoup aidé pour mon service c’est quand je faisais mon réchauffement pour mes épaules. Je visais déjà l’endroit où que je voulais que la balle aille. Donc, cela donne 10 à 15 services supplémentaires où tu peux viser. Je pense que cela m’a aidé pour la précision de mes services.

Thomas : Lorsque tu t’entraînes, qu’est-ce que tu voudrais améliorer à propos de ton service tant sur le court qu’à l’extérieur?

Robin : À l’extérieur du court, je ne dirais pas grand chose. L’entraînement que je fais est plus porté sur le maintien et pour rester en santé. À chaque fois que tu sers, tu dois t’assurer que ton épaule est au bon endroit. C’est ce que j’essaie de faire parce que tu ne veux pas avoir un débalancement de ton corps. D’ailleurs, je ne m’entraîne pas vraiment pour devenir plus fort ou pour servir plus en puissance. J’ai 30 ans maintenant et je sers à ma façon. Il n’y a plus vraiment de place à l’amélioration en ce qui concerne la vitesse.

Thomas : Le service d’un joueur dépend beaucoup de ses habilités…

Robin : À vrai dire, cela dépend un peu aussi du type de serveur que tu es et de ta grandeur. En fait, je ne sers pas aussi fort que les autres joueurs. Concernant la vitesse, je dirais que je suis maintenant en bas de la moyenne. Toutefois, une de mes habilités est que mon service est plus difficile à lire que les autres joueurs. Je ne donne pas d’information relativement à ma position initiale ou de la manière que je lance la balle. De cette façon, je peux faire beaucoup d’as parce que les joueurs ne savent pas où je vais servir.

Thomas : Est-ce que tu apprécies t’entraîner dans un gymnase et qu’est-ce que tu y fais concernant la force et la condition physique?

Robin : Je vais dans les salles d’entraînement plus autant qu’auparavant. Tous les exercices que je fais c’est pour éviter les blessures. Je travaille sur la stabilité et bien entendu je travaille un peu ma force. Toutefois, je ne m’entraîne pas en gymnase pour devenir plus costaud et plus fort. J’essaie de gagner de la vitesse tout en essayant de rester agile. Je joue sur de le Tour de l’ATP depuis maintenant 12 ans et j’ai toujours le même poids. À chaque fois, que j’ai voulu prendre de la masse musculaire cela n’a pas fonctionné. À vrai dire, j’ai une petite anicroche dans mon ADN. Je n’absorbe pas toutes les protéines que je mange. Et comme on sait, on a besoin des protéines pour avoir de plus gros muscles. Si je fais une comparaison, tu as besoin de piliers pour avoir une maison solide. C’est la même chose pour le corps qui a besoin des protéines. Par le passé, j’ai fait de l’entraînement musculaire axé sur la force mais cela n’a pas vraiment fonctionné et même que je devenais plus lent! Donc, je me suis dit qu’il serait mieux d’essayer autre chose. Je fais maintenant plus d’exercices avec la corde à danser et des choses similaires. Cela m’a beaucoup aidé.

Thomas : Bien entendu, tu t’entraînes beaucoup sur les courts. Est-ce qu’il y a une surface (gazon, moquette, surface dure ou terre battue) où c’est préférable d’entraîner ses coups comme les coups droits et les revers?

Robin : Cela dépend vraiment du prochain tournoi que tu prends part. Durant la saison morte, on pratique plus sur la surface dure car la saison commence sur ce type de terrain. Après le tournoi de Miami, tu commences à pratiquer sur la terre battue. Néanmoins, tu vas pratiquer plus tes coups sur la surface dure puisque la plus grande partie de la saison est sur ce type de court. Il en reste que tu pratiques de la façon dont tu joues. Donc, si ton style de jeu est basé un peu plus sur l’utilisation du topspin et bien cela veut dire que sur la terre battue se sera plus à ton avantage que sur le gazon. Au bout du compte, il faut pratiquer de sorte que cela t’aide sur tous les types de surfaces.

Thomas : Et quels exercices fais-tu pour ton système cardio-respiratoire?

Robin : Puisque j’ai un mauvais genou, je ne cours plus autant et le cyclisme n’est pas la meilleure activité pour moi. Donc, quand je vais au gymnase, je vais faire par exemple huit exercices en série que je fais vraiment rapidement. Après ces exercices, je me repose une minute et je recommence. Je fais cela six à huit fois. Ceci permet d’améliorer sa condition physique.

Thomas : Est-ce que tu fais autre chose pour ton cardio comme la natation?

Robin : La natation n’est pas l’idéal pour moi à cause de mon genou. C’est difficile pour moi de nager. Bien entendu, je jogge parfois et je fais du vélo mais pas autant qu’à 18 ans. Quand je vais courir, je vais dans les bois ou dans un parc. J’aime bien courir à l’extérieur et faire quelque chose là. Ceci ne représente pas une grande partie de mon travail. Toutefois, quand je le fais, c’est différent et c’est plaisant.

Thomas : Pourtant, tu as un bon jeu défensif. Tu peux récupérer efficacement la balle le long la ligne de fond. Est-ce que c’est quelque chose que tu travailles beaucoup avec ton entraîneur Raymond Knaap?

Robin : À vrai dire, pas vraiment. C’est une partie du jeu que j’ai naturellement. Comme j’ai dit, quand j’étais jeune, j’étais petit. Les autres gars étaient plus forts et frappaient plus puissamment la balle que moi. J’étais donc plus en position défensive à cette époque. C’est rendu une seconde nature pour moi et je n’ai pas vraiment besoin de le pratiquer. Maintenant, je travaille plus mon jeu offensif et j’essaie de frapper la balle encore plus en puissance. Un fait cocasse est que dans le top des 100 joueurs, si on fait un sprint de 20 à 30 mètres, je pense que je suis dans le top cinq des plus lents du Tour. Cependant, je lis très bien le jeu. C’est à cause de cette raison que je peux bien me défendre et que je récupère beaucoup de balles.

Thomas : Sur un autre sujet, tu as ta part de blessures durant ta carrière. En 2008, tu as eu une opération à ton genou et je crois que cela t’a pris un an et demi pour récupérer. Est-ce que c’était difficilement psychologiquement de passer à travers une telle situation et de recommencer à s’entraîner?

Robin : C’était vraiment une période difficile parce que j’étais considéré comme un joueur de la prochaine génération. Je jouais vraiment bien et mon corps me laissait tomber. C’était dommage… mais tous les jours je faisais de mon mieux et je travaillais afin que ma remise en forme se fasse le plus rapidement que possible. C’était dur et à un moment donné je ne savais pas si j’allais rejouer au tennis. Donc oui, c’était vraiment difficile mentalement. J’ai même pleuré deux ou trois fois. Cela m’a soutiré beaucoup d’énergie tant mentalement que physiquement.

Peu importe, je suis revenu et j’ai commencé à bien jouer rapidement. Mon genou n’est jamais revenu comme auparavant. J’ai de la douleur à tous les jours. J’ai eu beaucoup de blessures reliées à mon genou et j’ai eu de la difficulté physiquement de 2012 à 2015. Toutefois, j’ai appris à accepter cette situation et je peux vivre avec maintenant.

Robin Haase : Un service lors du tournoi de Gstaad, Suisse.

Préparation pour un match et attitude sur le court

Thomas : Est-ce que tu élabores une stratégie avec ton entraîneur selon qui tu joues?

Robin : Oui, j’ai toujours analysé le joueur que je vais affronter. J’essaie de voir sa fiche sur Internet. Puis, si j’ai joué déjà contre lui auparavant, je vais vérifier l’information que j’ai d’écrit sur lui. J’ai un carnet de notes où je garde des renseignements sur les joueurs comme cinq choses que ce joueur apprécie faire, ce qu’il n’aime pas et quelle tactique est bonne contre lui.

De plus, un jour avant le match, je vais discuter avec mon entraîneur et il me donnera des conseils c’est-à-dire une ou deux petites choses. Le reste je le fais moi-même. Je suis comme un joueur d’écher qui analyse la situation. J’apprécie faire cela car je pense que je suis bon concernant la tactique à utiliser.

Thomas : Très intéressant. Si tu joues contre un joueur de premier plan comme ceux du top 10, est-ce que tu seras plus agressif dans ton style de jeu?

Robin : Cela dépend contre qui je vais jouer. Contre un joueur en particulier, je vais prolonger les échanges. Contre un autre, je vais l’attaquer davantage. Un troisième joueur, je vais couper davantage mes coups en « sliçant » mes balles. Le quatrième, ma stratégie sera plus axée sur la défensive. Donc, cela dépend vraiment contre qui tu joues.

Thomas : Au tennis, beaucoup de choses peuvent arriver dans un match pouvant déstabiliser un joueur comme une mauvaise décision de l’arbitre ou la façon qu’un adversaire joue. Nous savons qu’un par un jour donné un joueur peut ne pas être à son top. Si on considère tous cela, est-ce que l’aspect mental est un facteur important dans le succès d’un joueur et comment gères-tu?

Robin : C’est probablement le plus grand facteur. L’aspect mental du jeu est vraiment un élément important au tennis. Tout le monde peut jouer. Si je joue un jour contre un joueur classé 800e au monde, je peux perdre contre lui car il sait jouer. Toutefois, il se peut que ce joueur puisse seulement bien jouer de la sorte qu’une fois par année ou bien il pense qu’il ne peut pas bien jouer ainsi tout le temps. L’aspect mental est vraiment important si on considère aussi les déplacements, les pratiques quotidiennes et la discipline qu’il faut avoir. Il se peut que tu t’ennuies de ta famille et de tes amis. Il faut aussi composer avec la pression et parfois avec la mauvaise presse. Tout cela a un impact psychologique. Par le passé, j’avais un préparateur physique, un entraîneur de tennis et aussi je travaillais avec un entraîneur pour l’aspect psychologique. Maintenant, je fais tout cela avec mon entraîneur Raymond Knaap. C’est mon entraîneur de tennis, mais c’est aussi mon conseiller de la vie.

Thomas : Merci Robin pour ton temps et ton input en tennis.

Robin : Ok. Bye bye.