30 mai 2004

Renato

(info sur Renato)

Agile, élégant, flamboyant

Thomas Kieller

Photo – Copyright Santos Football Club

Renato : Célébration.

Entraîné et déterminé, Renato est un pilier en milieu de terrain. Sa très bonne condition physique et plus particulièrement son endurance exceptionnelle font de lui un joueur difficile à contourner. Plus remarquable encore, il écope rarement de carton jaune malgré le fait qu'il soit des plus combatifs sur le plan défensif. Sa contribution offensive est elle aussi importante. Avec ses passes franches et son excellent contrôle du ballon, il est l'un de ceux qui orchestre les attaques dynamiques de son équipe. Le spectateur qui le voit jouer ne peut être qu'ébahi devant sa grande agilité. Il est un joueur flamboyant et élégant à regarder. Renato a déjà joué plusieurs matchs pour l'équipe nationale brésilienne. Il est sans contredit un joueur de top niveau.

L'entrevue a été réalisée le 23 janvier 2004 à 18h au centre d'entraînement de l'équipe à Santos, Brésil. Elle a été faite en anglais et en portugais avec l'aide du traducteur Matheus Dolecki.

Prélude – Renato revient d'un entraînement où il y a eu une simulation de match. Il est de bonne humeur et d'entrain.

Préparation d'un footballeur

Thomas Kieller : Durant la saison, combien de fois t'entraînes-tu par semaine?

Renato : Lors de la pré-saison, nous nous sommes entraînés pendant deux semaines, une semaine étant consacrée davantage à la préparation physique. Pendant la saison du championnat, nous nous entraînons habituellement quatre jours par semaine. L'entraînement en tant que tel, c'est plus les lundis, jeudis et vendredis. Le mardi et le samedi, ce sont les journées de concentration (jour qui précède un match). Il y a des matchs le mercredi et le dimanche.

Thomas : Quels exercices fais-tu lors d'une pratique?

Renato : Les exercices les plus fréquents, ce sont les tirs au but et les centres. En fait ce sont des exercices de perfectionnement de la technique que nous faisons pendant la semaine.

Thomas : Quels sont les exercices qu'un footballeur doit faire pour garder la forme?

Renato : La musculation, c'est ce qu'on fait le plus pour garder la forme physique. On fait aussi de la course à pied, 30 minutes par jour. Certains jours, nous alternons les exercices de musculation et la course.

Thomas : Quand tu étais plus jeune, est-ce que tu pratiquais beaucoup ton contrôle du ballon?

Renato : Quand j'étais enfant, je m'entraînais à faire l'ambassade1. Mon père le faisait. Alors, moi, j'essayais de le faire autant avec le pied gauche qu'avec le pied droit. Je faisais aussi des exercices de base, de maîtrise du ballon. Je crois que cela m'a beaucoup aidé plus tard en tant que professionnel.

Thomas : Plusieurs Brésiliens jouent au football sur la plage, est-ce que cela améliore certaines habilités et qualités physiques pour le jeu sur le grand terrain?

Renato (sourit) : Je crois que cela aide, surtout le fait de jouer en salle où l'espace est restreint et où on est obligé de réfléchir et d'agir vite. Lorsqu'on joue sur un terrain, on peut conserver le ballon pendant un certain temps, mais en salle, il faut faire des dribbles plus rapides. On a l'exemple de Robinho (jeune prodige de l'équipe de Santos) qui jouait en salle. Tu y acquiers une habileté qui rend le jeu plus facile lorsque tu reviens sur un terrain.

Thomas : Quels sont tes forces en tant que footballeur?

Renato : Je crois qu'un des mes points forts est la passe. La vigueur physique aussi. Je cours beaucoup sur le terrain et cela m'a déjà beaucoup aidé. Il y a aussi les tirs au but. Je crois que je suis bon pour marquer des buts.

Thomas : Hormis le fait que tu t'entraînes fort, est-ce que tu portes une attention particulière à ton alimentation? Est-ce qu'une nutritionniste t'aide?

Renato : L'alimentation est équilibrée. Nous avons une diététicienne et elle nous prescrit toujours un bon régime. D'ailleurs, elle donne aussi des renseignements là-dessus aux épouses de ceux qui sont mariés. Pendant la concentration, on mange aussi de façon équilibrée.

Thomas : Est-ce que tu as l'aide de spécialistes comme un entraîneur personnel, un physiothérapeute ou un psychologue sportif?

Renato : Nous avons un entraîneur, des masseurs, des médecins, des préparateurs physiques et un physiologiste. Nous n'avons pas de psychologue, car Leão (l'entraîneur du Santos) n'aime pas beaucoup travailler avec des psychologues. Mais il cause beaucoup avec nous. Les problèmes sont communiqués soit à lui, soit à un membre du comité technique.

Thomas : Est-ce que tu as des habitudes de vie que tu aimerais éliminer?

Renato (en riant) : Non, non. Je sors un peu, mais je n'exagère pas. Je ne fume pas. Je ne bois pas beaucoup. Après certains matchs, je bois avec ma famille. Je n'ai aucun vice qui pourrait nuire à ma carrière.

Thomas : Au hockey, l'âge de la retraite a augmenté depuis les dernières années surtout à cause du fait que les joueurs font plus attention à leur alimentation et qu'ils s'entraînent plus sérieusement et efficacement. On voit des joueurs de top niveau qui continuent à jouer jusqu'à la fin de la trentaine. Est-ce qu'on voit le même phénomène au football?

Renato (un peu surpris de m'entendre parler de hockey) : Les joueurs qui ont plus de trente ans finissent par perdre un peu de leur capacité physique, mais ils arrivent à bien jouer. Au football, l'expérience compte beaucoup. Après l'âge de trente ans, je crois qu'on peut continuer à bien jouer. Ceux qui ont plus de trente ans prennent soin d'eux davantage, alors ils obtiennent de bons résultats.

Thomas : Est-ce que tu as déjà eu une blessure grave?

Renato : J'ai été opéré au genou une fois. On m'a fait une arthroscopie du genou et je n'ai pas bougé pendant trois mois, mais ce n'était rien de sérieux, Dieu merci.

Thomas : Est-ce que tu as fait de la réhabilitation?

Renato : J'ai fait de la physiothérapie pendant deux mois et j'ai dû attendre un mois de plus pour être assez en forme pour pouvoir jouer de nouveau.

Thomas : Est-ce que tu pratiques ou pratiquais-tu d'autres sports comme le foot-volley, le football sur la plage ou un tout autre sport?

Renato (en riant) : Oui, je pratique d'autres sports. J'aime le foot-volley et j'aime aussi le volley-ball. Je le pratiquais à l'école quand j'étais plus jeune. J'ai joué aussi au football intérieur à l'école.

Thomas : Aucun autre sport, par exemple le vélo.

Renato (toujours en riant, il me confirme qu'il aime bien le volley-ball) : Non, je ne fais que du volley.

Thomas : Quel est ton meilleur souvenir de football?

Renato (sans hésiter et avec satisfaction) : C'est quand j'ai été invité, pour la première fois, à faire partie de l'équipe nationale en 2003. Ça m'a marqué. Et aussi lorsque nous avons participé à la coupe Libertadores et au championnat brésilien. Mais c'est l'invitation à faire partie de l'équipe nationale qui m'a le plus marqué dans ma carrière.

Thomas : Quand tu as grandi avais-tu un modèle? Qui était-il et pourquoi?

Renato : Mon idole, c'est Zico. Je l'aime depuis que je suis tout petit. Mon père parlait beaucoup de lui, des buts qu'il avait marqués… Je ne l'ai pas vu jouer souvent, mais je l'aimais beaucoup et je l'aime encore à cause de tout ce qu'il a fait à l'intérieur et à l'extérieur du terrain.

Thomas : Selon toi, qui sont en ce moment les meilleurs joueurs du monde et pourquoi?

Renato : Ronaldinho, Ronaldo. Zidane aussi est un grand joueur. J'aime aussi Roberto Carlos parce qu'il conserve une performance assez régulière au cours de la saison.

À propos de la ligue de football brésilienne et du foot international

Thomas : Quelles sont les principales caractéristiques de la ligue de football brésilienne?

Renato (avec passion) : Les Brésiliens font du « football-art ». Les équipes brésiliennes veulent marquer des buts. L'art du joueur brésilien, du football brésilien, est différent de celui des autres joueurs et des autres championnats. Il y a aussi la joie qui caractérise le football brésilien et qui le rend différent.

Thomas : Si l'équipe nationale perd, égalise ou même gagne (mais avec une performance ordinaire), on attend beaucoup de critiques des partisans brésiliens. Est-ce que cette critique aide l'équipe pour le prochain match?

Renato : Les critiques ont un certain impact sur les matchs suivants, mais c'est quelque chose de naturel. Les Brésiliens sont poussés par le football. C'est une passion nationale. Alors, je crois que la critique de la part des supporteurs est normale et chaque joueur doit en être conscient. Les joueurs qui n'arrivent pas à accepter les critiques n'iront pas très loin. Les critiques font partie du football brésilien et nous sommes habitués à cela.

Thomas : Penses-tu que les récents succès des équipes nationales sud-coréenne et américaine basées sur la condition physique et sur une constante pression vont apporter un mouvement de changement dans le monde du football?

Renato : Ces équipes se sont beaucoup améliorées, non seulement en ce qui concerne la performance physique mais aussi du côté de la volonté. Maintenant au football, une bonne préparation physique est essentielle et ceux qui ne sont pas bien préparés physiquement ne performent pas bien. Les États-Unis et la Corée ont fait du bon travail en ce qui concerne la préparation physique et certains joueurs ont très bien joué et ont réussi à se démarquer.

1. L'ambassade : il s'agit d'un exercice qui consiste à garder le ballon en suspension en le frappant doucement par en dessous, de façon répétée, avec un seul ou les deux pieds.