1 mai 2009
Nadia Petrova
(info sur Nadia Petrova)Le tennis professionnel d’un point de vue international
Thomas Kieller
Photo – Copyright Getty Images
Avec son coup droit et son revers en puissance, Nadia apprécie contrôler le jeu… À son meilleur, elle dirige le point en faisant bouger son adversaire tout en lui mettant une pression continue. Du fond du court, elle peut aisément faire de longs échanges où elle tire avantage. À quelques occasions, la Russe s’aventure au filet pour terminer le point. Il en reste qu’avec sa grandeur, elle affirme davantage son jeu avec des services puissants et bien placés. D’ailleurs, elle a battu plusieurs joueuses de top niveau de la Women’s Tennis Association dont Justine Henin, Martina Hingis, Monica Seles, Maria Sharapova et Serena Williams. La liste des grandes joueuses qui ont tombé devant elle est longue. Notons qu’elle a remporté tout près d’une dizaine de tournois en simple et une quinzaine d’autres en double. Souvenons-nous aussi de sa victoire à la Fed Cup en 2007 aux côtés d’Anna Chakvetadze, de Svetlana Kuznetsova et d’Elena Vesnina en battant facilement l’équipe italienne. Oui, son palmarès de triomphes est long. Pour cette Moscovite, il reste encore de belles victoires dans son proche avenir. Certes, le tennis a un rôle prédominant dans sa vie, mais en fait c’est une véritable passionnée de sport. Nadia est toujours prête à découvrir de nouvelles sensations. Vivre activement cela l’a toujours fait vibrer…
L'entrevue a été réalisée le 28 octobre 2008 à 14h25 dans la salle de conférence de presse du tournoi Challenge Bell de la Sony Ericsson WTA Tour à Québec, Canada.
Prélude – Nadia arrive dans la salle de conférence de presse d’une manière détendue après avoir battue aisément une nouvelle venue qui est une de ces concitoyennes de la Russie, Maria Mokh, par le pointage de 6-1, 6-2.
Aspect international du tennis
Thomas Kieller : À titre de joueuse de tennis professionnel, tu dois voyager beaucoup. En 2008, tu as pris part à 24 tournois et tu as déjà participé à 65 matchs. Tu as joué au tennis en Australie, France, Émirats arabes unis, États-Unis, Allemagne, Italie, Angleterre, Canada, Indonésie, Japon, Russie et Suisse. Impressionnant! Comment gères-tu tous ces voyages tout en étant compétitive?
Nadia Petrova : Avec chaque année qui passe, tu t’y habitues de plus en plus. Ton corps comprend ce qu’il faut faire avant et après un voyage. Qu’importe où nous arrivons pour un tournoi, nous avons seulement une ou deux journées pour relaxer avant de se diriger sur les courts pour pratiquer ou bien d’aller s’entraîner en gymnase. Ce qui fonctionne bien pour moi quand je voyage c’est de manger un bon repas avant d’aller dans l’avion, car les plats qu’on nous sert sont loin d’être merveilleux. Bien entendu, je bois beaucoup d’eau puisque nous perdons beaucoup de fluide en avion. C’est la différence de pression d’air qui en est la cause. Je marche aussi dans l’avion afin de m’étirer et cela m’aide vraiment. Lorsque j’arrive à destination, il est aussi important de manger bien à nouveau. Un repas nutritif permet au corps de récupérer plus rapidement. Dès que je m’enregistre à l’hôtel, je mets mes vêtements de sport et je vais à la salle d’entraînement pour courir. De cette façon, j’active mon flux sanguin dans toutes les parties de mon corps.
Thomas : Lorsque tu étais jeune, je sais que tu as beaucoup voyagé avec tes parents. Peux-tu me dire quelles étaient les raisons de ces voyages?
Nadia : Mes deux parents sont des entraîneurs en athlétisme. Quand j’avais 12 ans, nous avons déménagé de Moscou, Russie au Caire, Égypte parce que mon père avait été invité par la Fédération égyptienne d’athlétisme dans le but d’aider leurs athlètes. C’est la raison du déménagement de toute ma famille. J’ai grandi dans un environnement complètement différent de la Russie. C’est aussi là-bas que j’ai commencé ma carrière en tennis et que tous les voyages ont débuté.
Thomas : Est-ce que les voyages que tu as faits dans ta jeunesse t’ont préparé à ton travail?
Nadia : Oui, j’ai toujours apprécié ces déplacements lorsque j’étais un enfant. C’était bien excitant pour moi et j’apprécie toujours voyager puisque je peux voir le monde et je peux visiter des nouveaux pays. Par le fait même, je peux apprendre de nouvelles choses et de nouvelles cultures. Je dirais tout simplement que c’est une très belle expérience de vie.
Thomas : Il y a une grande différence entre la culture russe et égyptienne. As-tu beaucoup appris de cette expérience? D’ailleurs, est-ce que ce fut difficile à 12 ans de quitter ses amis?
Nadia (soupire) : En fait, à ce moment, je n’avais pas vraiment beaucoup de bons amis. De cette période, je suis toujours en contact qu’avec quelques-uns, et lorsque je retourne chez-moi, je vais les voir. D’autre part, ce n’étais pas si difficile que cela puisqu’à l’école il y avait beaucoup d’enfants et donc j’ai fait des amis assez aisément. Toutefois, la religion et le style de vie sont complètement différents. Bien entendu, tu comprends que nous avons dû nous adapter puisque nous étions des étrangers, mais d’un autre côté cela ne nous a pas tellement importuné parce que les gens étaient gentils et amicaux. Ils étaient vraiment respectueux. À vrai dire, j’ai eu du bon temps là-bas.
Thomas : Et encore maintenant à titre de joueuse de tennis professionnelle, tu voyages dans plusieurs villes? Lorsque tu fais ces tournois à l’étranger, est-ce que tu prends le temps de t’ouvrir aux autres cultures et qu’est-ce que tu aimes expérimenter dans chaque ville que tu visites?
Nadia : Je dois dire que nous sommes souvent dans les clubs de tennis, sur les courts et dans les hôtels. Quand j’en ai l’opportunité, j’apprécie vraiment faire un tour en ville, visiter les endroits touristiques et parfois goûter aux mets locaux dans les restaurants. J’aime bien aussi voir ce qui s’y passe afin de comprendre comment les gens vivent. De cette manière, je peux apprendre et en retirer quelque chose.
Thomas : Bien entendu… Et tu dis que tu aimes expérimenter les mets locaux?
Nadia (exaltée) : Oh oui! Quand cela concerne la nourriture, je suis bien excitée car j’apprécie expérimenter des choses différentes. C’est en effet quelque chose que j’apprécie faire.
Thomas : En passant, quelles sont tes villes préférées pour voyager et qu’est-ce que tu y recherches?
Nadia : Ce qui m’attire dans une ville c’est l’histoire comme celle de Rome, Italie. C’est l’une des villes qui m’attire le plus. Tout simplement penser qu’il y a deux milles ans, les gens vivaient dans ces bâtiments. En voyant les ruines, il est possible de les imaginer. Et maintenant, c’est nous qui y sommes et c’est pourquoi j’apprécie cela.
Thomas : D’un autre côté, est-ce que tous ces voyages peuvent affecter ta performance sur un court de tennis?
Nadia : Oui cela m’affecte comme c’est le cas pour les autres joueuses car nous dépensons beaucoup d’énergie lorsque nous voyageons et bien entendu ce n’est pas la chose la plus santé à faire. En résumé, nous sommes dans les avions pendant des heures, nous changeons continuellement de continents et il y a aussi les différences dans les fuseaux horaires à considérer. Donc, il est important pour moi de faire de bons choix lors la conception du calendrier des tournois. Il est important de prendre des congés pour se ressourcer et aussi de se donner des semaines où il est possible de rester au même endroit...
Thomas : Donc, tu dois trouver un moyen de relaxer entre tes voyages?
Nadia : Oui absolument et tu dois faire des activités que tu apprécies. Il y a des jours où il faut oublier le tennis et les exercices afin de donner du temps au corps de se reposer.
Thomas : Concernant tes relations personnelles, est-ce que tu téléphones ou bien tu échanges des courriels et des messages en ligne avec ton copain, ta famille et tes amis?
Nadia : Nous gardons contacts en échangeant en ligne et en envoyant des courriels. Bref, tous les moyens sont bons afin de rester en contact.
Thomas : Est-ce que la distance est un grand facteur dans ta vie et est-ce que c’est l’élément le plus dur dans tout cela?
Nadia : En fait, la seule chose que je peux dire concernant la distance c’est que c’est vraiment difficile d’établir une relation puisque nous sommes souvent à l’extérieur. D’un autre côté, j’ai seulement quelques amis dont je peux dire qu’ils sont vraiment de bons amis car la distance est un bon test pour l’amitié. Avec le temps, je sais qui sont mes vrais amis.
Thomas : Je sais que tu résides dans le quartier de Monte-Carlo à Monaco, est-ce que tu y habites à cause du fait que c’est un point central en Europe ou c’est pour la température agréable?
Nadia : Oui, c’est un endroit fantastique à habiter et tu peux jouer dehors toute l’année. C’est vraiment proche de toutes les destinations et des plus importants aéroports. C’est donc pour tous ces facteurs que j’y suis.
Thomas : Cependant, quand tu as des temps libres, retournes-tu à tes racines moscovites?
Nadia : J’aime retourner à Moscou puisque mes parents ne voyagent pas avec moi et je sens le besoin de les voir et de passer du temps avec eux car je leur manque beaucoup. Je suis toujours leur enfant! Donc, je dois y retourner et par la même occasion je visite aussi mes amis.
Thomas : Qu’est-ce que tu fais quand tu retournes dans ton pays?
Nadia : Premièrement, je ne fais pas de sports. Je ne joue pas et je ne pratique pas, mais je passe du bon temps avec mes amis. Nous aimons nous rencontrer dans les cafés à l’atmosphère confortable, faire des marches, aller au cinéma et même sortir ensemble dans les night-clubs. Donc, nous passons tout simplement le plus de temps possible ensemble. Quand je suis à la maison avec mes parents, je demande toujours à ma mère de préparer les mets que j’aime et chaque jour elle cuisine un mets différent car sur la route je ne peux pas manger ses bons plats.
Thomas : Quels sont les mets russes que tu apprécies?
Nadia : C’est complètement différent d’ici. En Russie, nous faisons des soupes qu’il est impossible de trouver ailleurs ainsi que des salades, des viandes et des saucisses typiquement de notre pays. J’aime à peu près tout de la cuisine russe. Même le pain est différent; ceux que nous avons sont probablement difficiles à trouver en dehors du pays.
Thomas : Donc, à Moscou, tu relaxes?
Nadia : Oui absolument, je me couche tard aussi. Je fais à peu près tout ce que je veux mais bien entendu je dois quand même faire attention à ce que je mange.
Passionnée de sports
Thomas : Comme tu m’as dit, tu viens d’une famille qui a un background sportif. Est-ce que tu as besoin d’un style de vie actif pour être heureuse? Je ne parle pas de ton travail…
Nadia : Oui, par exemple quand je suis en congé, après un certain temps je sens le besoin de bouger. J’aime me réveiller le matin et prendre le temps d’aller courir, de nager dans l’océan ou dans la piscine. Je sens le besoin d’être actif. J’apprécie marcher et je le fais lorsque je ne voyage pas en avion. Quand il y a des amis, nous jouons à des jeux comme le volley-ball de plage, le soccer de plage ou même le golf. Il y a toujours un sport ou une activité physique d’impliquée dans ma vie.
Thomas : Ton père, Victor Petrov, était un lanceur de marteau et ta mère, Nadejda Ilina, était une coureuse1. Est-ce qu’ils t’ont montré que tu peux te réaliser dans le sport?
Nadia : J’ai grandi autour de mes parents qui étaient toujours entrain de pratiquer ou de se préparer pour une compétition et j’aimais vraiment cela. Je savais qu’un jour j’allais devenir une athlète professionnelle mais je ne savais pas quel sport j’allais pratiquer. Un jour, mes parents m’ont emmené sur un court de tennis. Je dois dire que j’avais déjà pratiqué ce sport après l’école. Après un certain temps, j’ai vraiment apprécié le tennis et puis plus tard j’ai commencé a joué des tournois de la « International Tennis Federation ». Bon, j’ai eu du succès dès mes débuts. De fil en aiguille, j’ai réalisé que je voulais jouer au tennis comme métier.
Thomas : Et maintenant, es-tu le genre de personne qui veut essayer tous les sports?
Nadia (dit avec joie) : Oui, j’apprécie vraiment les sports. Quand j’ai l’opportunité de faire quelque chose de nouveau, je l’essaie parce que je veux connaître la sensation que cette activité procure et aussi je veux comprendre quel genre d’effort il faut mettre pour bien y performer.
Thomas : Merci Nadia2.
1. La mère de Nadia a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Montréal (1976) à la course de relais 4 x 400 m.
2. Pour les fins de l’histoire, Nadia a remporté le tournoi de Québec quatre jours après cette entrevue en battant Bethanie Mattek par le pointage de 4-6, 6-4, 6-1.
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