27 mars 2017

Dario Cologna

(info sur Dario Cologna)

La préparation d’un skieur de fond

Thomas Kieller

Photos – Copyright Swiss-Ski

Dario Cologna : Skieur de fond.

Athlète polyvalent, Dario apprécie tous les types de courses, du sprint aux compétitions de 50 km. Il en reste que l’homme originaire de Santa Maria Val Müstair, un petit village de l’est de la Suisse, est davantage dominant dans les courses de distance, tant dans le style classique qu’au pas de patin. Bien souvent il a laissé ses compétiteurs derrière lui. Toutes compétitions confondues, c’est plus d’une quarantaine de victoires qu’il a à son actif. Ses nombreux succès ont fait en sorte qu’il a terminé, à quatre reprises, au premier rang du classement général de la Coupe du monde de ski de fond de la Fédération internationale de ski (FIS). Outre ces quatre gros globes de cristal, il a eu aussi sa part de succès aux championnats nationaux où il a remporté les grands honneurs d’une course neuf fois. Sourire aux lèvres mais batailleur sur les pistes, le Suisse a remporté sa première médaille d’or olympique au 15 km style libre à Vancouver, Canada en 2010. Trois mois avant les Jeux olympiques de Sotchi en Russie, une blessure au ligament du pied droit est venue l’importuner. Rien n’était certain par rapport à sa participation à ces jeux. Pourtant, il y remportera deux autres médailles d’or, une en skitahlon et une au 15 km classique. Étant donné les circonstances, ces victoires olympiques ont un caractère bien spécial pour lui. Certes, Dario va continuer à rivaliser ardemment sur les pistes enneigées car le ski de fond le passionne vraiment.

L’entrevue a été réalisée le 18 mars 2017 à 18h30 à l’hôtel Hilton durant la Coupe du monde de ski de fond de la Fédération internationale de ski (FIS) à Québec, Canada.

Prélude – Dario arrive dans le hall d’entrée de l’hôtel avec un air bien relax. Un peu plus tôt dans la journée, il a terminé au 6enbsp;rang dans la course du 15 km classique avec un départ de masse.

Entraînement physique requis

Thomas Kieller : Premièrement, pourrais-tu me dire combien de courses fais-tu en une saison?

Dario Cologna : C’est entre 30 et 40 courses par saison.

Thomas : Est-ce que tu pourrais faire plus de courses ou c’est la limite?

Dario : Je pense qu’il est possible d’en faire plus mais pas beaucoup plus puisque la saison est courte. Les compétitions ont lieu lorsqu’il y a de la neige, c’est-à-dire de la fin novembre jusqu’en mars. Je fais plusieurs disciplines : les sprints jusqu’aux courses de 50 km. Il est aussi important d’avoir des séances d’entraînement afin d’avoir un haut niveau de performance. Si on considère tout cela, c’est déjà beaucoup. Certes, il est possible d’en faire plus.

Thomas : Est-ce que tu t’exposes à plus de blessures si tu fais plus de courses?

Dario : Non non! Dans notre sport, le risque de blessure n’est pas si grand. Lorsque nous tombons, ce n’est pas si grave. Toutefois, c’est de faire du surentraînement. Si on considère que du point de vue de la course, il est possible pour le corps d’en faire plus.

Thomas : En passant, quelles sont les blessures typiques dans ton sport?

Dario : Il y a beaucoup de problèmes d’épaules parce que nous sollicitons beaucoup le haut du corps. Dans mon cas, je n’ai pas cela mais plus autres skieurs ont ce problème. Outre cela, nous n’avons de grosses blessures. Le risque est vraiment d’en faire trop, de se surentraîner et d’être fatigué.

Thomas : Bien entendu, tu dois te préparer pour ces compétitions de haut calibre. Que fais-tu pour ton entraînement sur le plan du cardio?

Dario : À la fin de la saison, nous allons commence notre préparation. La première partie consistera à faire de longues séances d’entraînement à faible intensité. Après, pendant l’été, nous allons faire plus d’intervalles où on atteindra notre seuil d’intensité. Nous faisons aussi du roller ski et de la course lors de cette période. C’est un aspect important de notre entraînement.

Thomas : Cette coupe du monde à Québec, est-ce que c’est la dernière course de la saison pour toi?

Dario : À vrai dire, c’est la dernière course de la coupe du monde. Après, je vais les championnats nationaux de Suisse et quelques petites courses. Mais en fait, c’est bientôt la fin de la saison.

Thomas : Ton congé dure combien de temps et est-ce que tu vas relaxer durant cette période?

Dario : Je vais profiter de la neige en Suisse avant qu’elle ne disparaisse. Je veux faire encore des entraînements sur la neige pour profiter de cette sensation le plus longtemps possible. Je vais faire aussi de tests de ski. Après, je vais prendre un congé qui durera environ deux semaines. Normalement, je fais toujours quelque chose, mais en général la fin d’avril est une période plus relaxe. Je regarder comment je me sens. Je pense prendre un congé cette année afin d’être bien reposé. J’ai des petites blessures présentement. J’espère que ce congé va m’aider à être fin prêt pour la prochaine saison qui teinté par les Olympiques. Je pense que c’est un bon moment pour prendre un vrai congé de deux semaines. Après, en mai, je vais commence le camp d’entraînement avec l’équipe.

Dario Cologna : En pleine montée.

Thomas : Nous avons déjà parlé de ton entraînement cardio, mais est-ce que tu t’entraînes en gymnase sur d’autres points?

Dario : Oui, le gymnase est aussi vraiment important dans notre sport. Nous avons besoin de force dans la technique de la double-poussés qui est utilisée dans la discipline dite classique. Dans cette discipline, nous utilisons le haut du corps sans les jambes. Donc, c’est important de faire des exercices de forces maximales. En ce qui concerne l’endurance requise dans notre sport, nous nous entraînons sur cet aspect lorsque nous skions. Au gymnase, nous développons notre force maximale avec des poids.

Thomas : Est-ce que tu es une personne très discipline à l’entraînement?

Dario : Oui, je le pense. Je m’entraîne beaucoup et je passe beaucoup d’heures à l’entraînement si je me compare avec mes collègues. À titre d’athlète, tu veux toujours en faire plus. Ce n’est pas toujours la bonne solution! Toutefois, je crois que nous avons besoin de cet entraînement car c’est un sport dur qui sollicite beaucoup le corps.

Thomas : Je t’ai posé cette question car j’ai lu que tu es (ou étais) un soldat sportif. Est-ce que tu peux élaborer à ce sujet?

Dario : À vrai dire, je ne suis plus un soldat sportif. En Suisse, il est possible d’avoir le support des forces militaires comme c’est le cas dans d’autres pays comme l’Italie et l’Allemagne. Il y a des athlètes qui travaillent comme soldat ou policier. En Suisse, c’est un très petit programme. Vingt athlètes peuvent en bénéficier. Dans mon pays, tout le monde doit faire un service militaire et j’ai eu l’opportunité de faire partie de cela. Tu reçois de l’argent afin de t’aider à t’entraîner.

L’objectif de cela est de supporter les jeunes athlètes. Au début de ma carrière, c’était vraiment important pour moi. Après mes bons résultats, je n’en avais plus besoin. Il en reste que pour les jeunes athlètes cela est très important. J’étais dans ce programme pendant six ans, jusqu’au moment où je suis all aux Jeux olympiques de Sotchi en Russie.

Thomas : Avec ton entraîneur Ivan Hudac, qu’est-ce que tu veux améliorer concernant ta condition physique ou à propos de l’aspect technique du ski de fond?

Dario : Il y a toujours quelque chose à améliorer. Tu peux toujours trouver quelque chose. D’ailleurs, notre sport se développe aussi. Je ne peux pas dire que je suis satisfait de tout. Je veux travailler un peu sur mon agilité. J’ai un vieux problème avec un pied (une blessure) et je veux travailler sur ce point. Je veux m’améliorer dans les sprints afin d’avoir des jambes rapides. Ceci est important pour les épreuves de sprint et pour les départs de masse. Aussi, il faut être rapide à la fin des courses. C’est ce que je veux améliorer pour la saison prochaine.

Après les courses

Thomas : Hier, tu as pris par à l’épreuve du sprint de 1,5 km. Aujourd’hui, c’était le 15 km classique. Demain, ce sera le 15 km style libre. Après une course, est-ce que tu as une routine pour évacuer le stress physique?

Dario : Le plus important point est de récupérer calmement. Pour cela, je fais de la course ou bien si c’Est possible je skie. Après, je bois quelque chose. Par exemple, je prends une boisson de récupération rafraîchissante. Puis, je retourne à l’hôtel où je mange. Je peux aussi avoir un massage. C’est la routine habituelle. Il en reste que dormir est important et ceci n’est pas un grand secret.

Thomas : Parfois, tu fais des courses 50 km et une semaine après tu fais une autre course de 50 km. C’est quand même demandant…

Dario : Tu le sais que lorsque tu es en bonne forme, tu récupères plus rapidement. On peut comparer notre sport au cyclisme. Dans les deux, c’est possible de faire de très longue course et de le refaire une semaine plus tard. Si on compare avec la course, c’est différent. Lorsque tu cours un marathon, tu as besoin d’une longue période de récupération car le coureur ressent tout l’impact au sol de la course. C’est possible en ski de fond de faire des courses en succession. Toutefois, c’est quand même important de bien récupérer afin de revenir à un haut niveau.

Thomas : Au tennis professionnel, les joueurs joggent après un match pour évacuer l’acide lactique. Tu as déjà abordé un peu ce point… Est-ce que tu fais quelque chose de similaire à cela?

Dario : Oh oui! La récupération active est le point le plus important. Les massages viennent après, c’est comme en 4e place au point de vue de la récupération. Par exemple aujourd’hui, après la course j’ai fais du ski calmement afin d’évacuer l’acide lactique, la pression, etc. Aussi, je vais aller courir un peu plus tard, environ 20 minutes à un rythme aisé.

Derniers mots

Thomas : À quoi peut s’attendre un spectateur lorsqu’il va voir une course de ski de fond?

Dario : Le spectateur peut voir un sport d’endurance de haut niveau. C’est un des sports les plus éprouvants parce que cela sollicite tout le corps. C’est différent de la course et du cyclisme. En ski de fond, nous utilisons le haut du corps. Aussi, il est possible de s’attendre à une bonne atmosphère. Par exemple, en Norvège, les gens sont fous du ski de fond. Ils sont 150 000 personnes pour un événement. Donc, tu peux avoir du bon temps.

Thomas : Merci Dario pour cet entretien.