24 février 2006

Soirée avec les vedettes du Real Madrid

Thomas Kieller

Photo – Copyright David R. Anchuelo (Real Madrid)

David Beckham et Roberto Carlos festoient après un but.

De semaine en semaine, le centre-ville de Madrid s’anime sous le signe du Real. La course folle au championnat espagnol bat toujours son train. Les Madrilènes le savent. Quelque 70 000 spectateurs se sont déplacés, le 22 septembre 2005, au stade Santiago Bernabéu pour y voir les vedettes du Real Madrid affrontaient l’Athletic de Bilbao. Les Espagnols aiment profiter de la vie la nuit. Le match a débuté à 22h! Vrai, les oiseaux de nuit sont sortis pour fêter.

Un match sous la lune c’est d’autant plus divertissant par son aspect différent que par l’ambiance qui s’y dégage. Le stade ouvert donne une excellente vue sur le terrain d’un vert éclatant et sur le ciel d’un noir opaque. Tout un contraste. Les estrades tout en hauteur donne un aspect massif au bâtiment et crée une atmosphère de rapprochement entre les supporters. Quand le stade est plein et que les fans s’époumonent l’effet saisissant est assuré.

D’ailleurs, il vaut mieux arriver un peu plus tôt pour voir l’entraînement d’avant-match. Nul doute qu’une des attractions du training est l’élégant David Beckham. Ce soir-là, l’ex du Manchester United se préparait pour la partie avec le jeune Brésilien Robinho qui lui aussi est un spectacle en soi. Je peux vous garantir que de voir ces deux là ensemble faire des passes et des contrôles du ballon vous donneront bien du plaisir. Ils sont d’une agilité déconcertante.

Avant que le Real et l’Athletic aient croisé le fer, les joueurs ont défilés sous un chant d’opéra pendant que les fans criaient à tue-tête. Stupéfiant. Après tous les préliminaires, les joueurs du Madrid, vêtus tout en blanc, étaient prêts à raser la simple équipe venant du Nord de l’Espagne.

À la surprise générale, la première demie a été toute à l’avantage des Basques. Les visiteurs jouaient collectivement. La chance a vite tourné en leur faveur lorsque la frappe d’Etxeberria a dévié sur Jonathan Woodgate pour aboutir dans le but du Real. Un froid s’est installé dans la foule. La malchance a viré au drame pour Woodgate quand celui-ci est venu, un peu plus tard, frapper la cuisse d’un joueur du Bilbao. L’arbitre a sorti sur-le-champ le carton jaune. L’Anglais l’avait cherché! Les partisans découragés sont tombés dans une léthargie. Le silence régnait.

À la mi-temps, le coach du Real n’a pas hésité à faire les modifications nécessaires à l’attaque et en milieu de terrain. Il a avancé Raúl en le positionnant à la droite de Ronaldo. Puis son meilleur coup, l’introduction de Guti formant un nouveau quatuor au centre du terrain avec Beckham, Robinho et Pablo García. Guti a aussitôt allumé l’équipe par sa passion et son dynamisme survolté.

À la 52e minute, Beckham a ouvert le jeu avec une incursion en vitesse. Seul Lacruz a su arrêter le Londonien en le fauchant. Pire scénario pour le Bilbao. Un carton jaune pour Lacruz et un coup franc pour Beckham à 25 mètres du but! Sans défaillir, l’Anglais s’est élancé. Toujours avec son compas dans l’œil, il est allé chercher la tête du jeune Robinho qui a redirigé le ballon dans le but. Excitation spontanée de la foule. Sur les écrans lumineux, on pouvait y lire en espagnol : « Gool ». Le Real renaissait.

Les vedettes s’étaient réveillées. À la 64e minute c’était au tour de Ronaldo de faire une envolée en puissance. Arrivé dans la zone de réparation, il a refilé le ballon à son second Raúl. Le natif de Madrid a décoché un solide tir battant de vitesse le gardien Aranzubia. 2 à 1 pour le Real.

Plus tard, Woodgate a rudoyé un adversaire dans un jeu un peu agité. L’arbitre lui a assigné un second carton jaune, puis le carton rouge. Exit Woodgate! Trop de sensations pour les supporters du Real qui ne pouvaient plus se contrôler. Tout près de 50 000 personnes se sont mis à siffler simultanément contestant la décision de l’arbitre. De quoi donner de bonnes palpitations.

Même si le Real n’était plus que 10 sur le terrain, les partisans sont revenus rapidement dans le match en scandant le nom de l’un de leur favori, Roberto Carlos. Reconnu comme l’un des plus grands canonniers à l’échelle mondiale, il a soulevé la foule avec une frappe terrifiante à 35 mètres du but. Le gardien de l’Athletic n’a pu que dévier le ballon!

Le Real n’avait pas dit leur dernier mot. Beckham, détenteur d’un doctorat en corners, a livré un ballon direct dans la surface de réparation. Raúl, bien positionné devant deux joueurs adverses, a sauté pour connecter le ballon de sa tête. Second but pour Raúl; il avait de quoi festoyer.

Frustrés de la tournure des événements, les joueurs du Bilbao ont provoqué de nombreuses échauffourées. Ils ont cherchés Guti, l’élément déclencheur de la résurrection du Real. Le jeu était devenu chaud. La foule criait et s’excitait. Trop peu, trop tard pour l’Athletic. Le Real avait remporté le match 3 à 1.

Malgré un départ hésitant, le Real Madrid a suscité de belles sensations. Du silence à l’exaltation, la foule a apprécié le match. Les vedettes ont donné du leur jusqu’à la fin. En saluant la foule, les joueurs du Real ont remercié les supporters de leur présence. Beckham est allé remettre derrière le filet son gilet à un spectateur réjoui. À minuit sous un ciel noir, les fans débordaient de joie. La soirée était réussie. Et pour beaucoup d’Espagnols, elle allait se continuer dans les night-clubs et les cafés.