18 janvier 2011

Vers le sommet du Kilimandjaro

Carlos Sastre

(info sur Carlos Sastre)

Les propos d'un champion du Tour de France

Thomas Kieller

Carlos Sastre : Concentré lors d'un contre-la-montre.

Au tout début de sa carrière professionnelle, Carlos a appris de ses coéquipiers les rudiments du métier en laissant de côté ses ambitions de victoire. L'homme d'Ávila a ainsi cheminé au fil des années en regardant les grands cyclistes qu'il a côtoyé tout en écoutant leurs bons conseils. Avec les nombreuses courses effectuées et toute l'expérience derrière lui, il a appris à connaître ses forces et ses faiblesses. À l'entraînement, il a toujours travaillé dur pour s'améliorer dans les différentes facettes du cyclisme. Certes, à plusieurs reprises, il a excellé dans les épreuves de haute montagne. Son travail assidu a été récompensé par quelques belles victoires d'étapes lors des tours d'Italie, de France et d'Espagne. Patient, méthodique et joueur d'équipe, il a fait des courses stratégiques où la contribution de ses coéquipiers fut importante. Puis, son rêve d'une victoire lors d'un grand tour s'est concrétisé. À la 17e étape du tour français de l'édition 2008, entre Embrun et l'Alpe d'Huez, il s'est échappé de ses adversaires et a franchi, dans la douleur, les trois cols majeurs de l'épreuve de 210,5 km pour remporter l'étape avec un peu plus de deux minutes d'avance sur son plus proche rival. Confiant et portant le maillot jaune, il fut incisif lors du dernier contre-la-montre où l'enjeu était bien réel. Avec sa performance remarquée, il a réussi, contre toute attente, l'exploit de remporter le Tour de France 2008. En fait, l'Espagnol est véritablement un passionné de courses de haute montagne où il peut s'enflammer et repousser ses limites personnelles comme il a fait à l'Alpe d'Huez. Il adore tout simplement les paysages montagneux qui s'offrent à lui et le sentiment de liberté qu'il y ressent sur son vélo. C'est ainsi que Carlos a fait son chemin, sans retenu et en allant toujours plus loin.

L’entrevue téléphonique a été réalisée le 5 octobre 2009 à 16h lorsque Carlos et son fils étaient dans une cour d'école à Ávila, Espagne.

Tour de France 2008

Thomas Kieller : Au tour de France 2008, tout est allé pour le mieux pour toi. Tu as fini premier de cette course de 3 558,5 km où il y a 21 étapes en 22 jours qui passe du terrain plat à la haute montagne des Alpes. Premièrement, est-ce que c'était un rêve qui se réalisait?

Carlos Sastre : Oui, c'était quelle chose de très important pour moi. C'était essentiel à mon travail et marquant pour mon équipe. Quand j'ai gagné la course en 2008, je n'ai pas réalisé tout de suite l'impact de cette victoire, mais en prenant du recul, j'ai compris toute la signification. Lorsque j'ai vu les journaux, les magazines et les vidéos qui en faisaient mention, c'était plaisant de voir tout cela.

Thomas : Bien entendu, cette course est très exigeante sur le plan physique. Sur 180 partants, 145 cyclistes ont terminé la course en 2008... Ce n'est pas du gâteau. Pour toi, est-ce que ce fut difficile?

Carlos : Oui bien sûr. Comme tu l'as mentionné, c'est 22 jours avec l'équipe, le stress, les changements de température et tout ce qu'il y a autour de nous. Ce n'est donc pas facile. Tu dois être prêt physiquement et mentalement. Avant le tour, tu dois travailler fort. En ce qui me concerne, j'ai dû travailler toute ma vie pour arriver à cette victoire. Je n'ai pas gagné le Tour de France en 2007 ou plus tôt, car je n'étais pas prêt pour tout cela. En 2008, j'ai gagné parce que j'étais bien préparé. J'étais fort physiquement et mentalement aussi.

La pression du tour

Thomas : Après cette victoire, un nouveau challenge se présentait à toi, le Tour de France 2009. Au début de ce tour, est-ce que tu t'es mis beaucoup de pression?

Carlos : Oui, j'avais beaucoup de pression dont une grande partie venait de moi puisque je voulais gagner à nouveau. Comme tu le comprends, le tour ce n'est pas des vacances. Ha ha ha! Au commencement, je croyais que j'étais prêt. Pourtant, la conclusion est venue plutôt me dire que le contraire. J'étais vraiment fatigué avant la course à cause de tout ce qui s'est déroulé l'année précédente en raison de ma victoire. C'était la raison qui a fait en sorte que je n'ai pas pu faire aussi bien dans la course, même si j'avais vraiment voulu.

Thomas : Il y avait aussi des facteurs qui t'ont poussé à réagir fortement en 2009 comme la façon que tu penses que les médias ont traité l'événement et la manière que l'organisation du tour a abordé certains aspects de la course. Je fais référence à la situation Armstrong/Contador et qui devrait porté le maillot jaune lors de la première étape. Le cycliste moderne ne fait pas que courir contre les autres cyclistes, doit-il aussi se battre contre des facteurs externes?

Carlos : Oui, comme tu dis, il y a beaucoup de choses qui surviennent autour de nous durant le tour comme les médias, l'équipe, la course elle-même et les conditions de la course. Elles ont toute une signification.

Concernant la course, je dois rester avec les meilleurs cyclistes jour après jour. Durant la compétition, je dois prendre le minimum de risque et utiliser les opportunités au bon moment, car cela amènent beaucoup de stress.

De la même façon, je dois gérer les médias. C'est tout à fait normal que je dois parler aux journalistes sur une base presque quotidienne et parfois je ne sais pas trop quoi dire. Dès fois, ils te posent des questions difficiles ou même ils te lancent des questions qu'ils ont déjà répondues d'une certaine façon. C'est difficile de dire les bonnes choses à tout le monde. Toutefois, c'est pour moi une habitude depuis que je suis devenu professionnel. J'ai appris à vivre avec les médias un pas à la fois.

Au Tour de France 2009, c'était différent car j'avais remporté la course l'année précédente. À vrai dire, ce fut différent d'une manière étrange. Les médias ont créé une bataille entre deux cyclistes, Lance Armstrong et Alberto Contador, et si je peux dire, les autres cyclistes ont disparus de la course par le fait même. Après, quand cette bataille n'avait plus le même intérêt pour les médias, les journalistes ont tenté de mettre du stress sur les autres cyclistes. Pourtant, nous étions là depuis le début! D'une certaine manière, le personnel des médias ne nous ont pas montré beaucoup de respect, par conséquent, pourquoi devrions-nous les respecter aussi! Au bout du compte, je me suis dit qu'il était préférable de canaliser mon énergie dans la course, car c'était ce que je pouvais faire de mieux.

Sport d'équipe

Thomas : Pourrais-tu me dire l'importance du travail d'équipe lors du Tour de France, et plus spécifiquement en ce qui te concerne, car tu as déjà tenu le rôle de capitaine avec Team CSC et après avec Cervélo TestTeam?

Carlos : Le travail d'équipe dans ce sport, le cyclisme, c'est presque tout. Tu as le personnel de l'équipe, les cyclistes et tous savent ce qu'ils doivent faire quotidiennement. Tu te sens en confiance et cela en est de même pour tes coéquipiers. De cette façon, la course est plus facile.

Thomas : Lorsque tu t'es joint à l'équipe Once en 1997, tu es devenu un cycliste professionnel. Comme bien d'autres, tu as appris la base du cyclisme et le rôle d'assistant. Est-ce que ce fut important pour toi de faire tout cet apprentissage?

Carlos : Comme tu le dis, dans mon cas, j'ai travaillé pour d'autres cyclistes toute ma carrière et il y a eu des moments frustrants, mais j'ai appris de cela. Il y avait des situations où je me sentais en forme et j'ai dû sacrifier mes forces pour aider un autre cycliste. Parfois, j'ai vu des opportunités devant moi, mais je ne pouvais pas les prendre car ce n’était pas dans l'intérêt de l'équipe. Ces événements-là m'ont aidé à devenir plus fort et à devenir un bon capitaine puisque je sais maintenant ce que mes coéquipiers donnent parfois. Ils travaillent et ils sacrifient leur énergie pour moi. Donc, j'ai un point de vue différent sur cela à cause de mes expériences passées. Je ne pense pas qu'à moi-même. J'ai une équipe derrière-moi qui me supporte et j'en prends soin de la même manière.

Thomas : Dans une longue course comme le Tour de France, tu es près de tes coéquipiers pendant une longue période. Le tour dure plus de trois semaines! Est-ce qu'il y a des frictions qui surviennent à cause de cette situation?

Carlos : Oui, nous sommes 25 à 30 personnes et nous nous côtoyons à peu près un mois. Bien entendu, il y a par moment des frictions parce que nous avons parfois des points de vue différents. Aussi, il faut considérer que les cyclistes et le personnel deviennent fatigués au cours de la course. Tout le monde devient fatigué, donc, il est plus difficile de bien penser et de tout faire correctement. Tu essaies de diriger tout le monde dans la même direction et ce n'est pas facile. Par contre, avec du respect et quand tu écoutes tout le monde lorsque tu prends des décisions, tout est possible. Je l'ai vu auparavant et maintenant c'est ce que j'applique. J'essaie de rester positif et de mener l'équipe de la bonne façon. Je ne pense pas qu'à moi, mais je pose des actions pour le bénéfice de l'équipe.

Support de l'entourage

Thomas : Pour devenir meilleur dans ce qu'on fait, beaucoup de personnes nous influencent ou nous aident. Pourrais-tu me dire qui t'a aidé à devenir un meilleur cycliste?

Carlos : En premier lieu, ce sont mes parents. Ils m'ont enseigné les bonnes manières de la vie et ils m'ont supporté quand j'étais triste ou tout simplement quand je gagnais et que j'étais heureux. Donc, ils m'ont enseigné ce que je suis maintenant. Après, Josi Luis Pascua m'a beaucoup aidé. Il était mon entraîneur pendant deux ans lorsque j'étais amateur et trois années supplémentaires quand je suis devenu professionnel. Ce fut une personne très importante à mes yeux car il m'a inculqué qu'il faut travailler et s'entraîner ardemment si je veux quelque chose dans la vie. Il m'a poussé de la bonne façon. Il était donc bien important pour moi.

Thomas : Est-ce qu'il y a des cyclistes ou des coéquipiers qui t'ont aidé?

Carlos : Bjarne Riis et Manolo Saiz, ils étaient mes directeurs sportifs pendant des années. Bjarne l'a été pendant sept ans et Manolo pendant quatre ans, et j'ai appris beaucoup d'eux. Ils m'ont montré la façon de me réaliser et de devenir un des meilleurs cyclistes.

Qualités pour être performant sur le tour

Thomas : Quelles sont les qualités essentielles pour être performant sur le tour?

Carlos : Dans le Tour de France, tu dois être intelligent pour prendre les bonnes décisions aux moments opportuns. Bien sûr, tu dois être un bon cycliste au point de vue de la forme et aussi dans les exigeants contre-la-montre. Dans mon cas, je suis l'un des meilleurs grimpeurs dans le monde et cela m'a aidé en 2008 à remporter le Tour de France.

Thomas : Dans le passé, tu as eu de très bons coéquipiers comme Laurent Jalabert, Abraham Olano, Ivan Basso et Joseba Beloki. Est-ce que tu appris de leurs différentes habilités de cyclisme et de leurs différentes personnalités?

Carlos : Oh que oui, toutes ces personnes étaient différentes. Bien entendu, j'ai appris quelque chose de chacun. Tu as mentionné, Laurent Jalabert et Ivan Basso... ils m'ont montré tout leur professionnalisme. J'ai appris beaucoup d'eux à ce niveau et pas uniquement pour devenir capitaine. Tu dois être un excellent cycliste professionnel pour devenir un leader d'équipe et je pense qu'ils étaient de vrais professionnels de cette façon.

Thomas : J'ai lu quelque part qu'un bon cycliste doit être organisé, méthodique et extrêmement prudent. Est-ce que c'est vrai en ce qui concerne la notion de prudence et qu'est-ce que cela signifie?

Carlos : Oui, il est essentiel d'avoir un bon plan de match parce qu'une course de trois semaines diffère énormément d'une course de sept jours surtout sur le plan de l'endurance. Tu dois être prêt pour l'ensemble des trois semaines. Tu dois faire les bonnes choses et ce dans les bonnes conditions. Pour cette course, tu dois être très méthodique afin d'être dans un bon état tout le temps.

Thomas : Est-ce que ces qualités se développent?

Carlos : À vrai dire, c'est quelque chose que tu peux apprendre, mais d'une certaine façon tu dois aussi être né avec ces qualités. Cependant, il est plus facile de bien faire lorsqu'il y a quelqu'un qui te dirige dans la bonne direction.

Thomas : Dans le Tour de France, les étapes de montagnes sont vraiment importantes sur le résultat final. Beaucoup de cyclistes souffrent dans ces épreuves et je pense que le mot souffrir n'est pas trop fort. Tu fais habituellement très bien dans ces conditions...

Carlos (dit sur un ton joyeux) : Oh oui, je suis un grimpeur et j'aime bien les étapes montagneuses. Je m'y sens libre... C'est une partie de ma vie, car la montagne m'a appris beaucoup de choses. C'est un endroit où je peux donner le meilleur de moi-même. Je fais bien en montagne parce que j'aime ces étapes-là.

Thomas : Tu as une attitude positive en ce qui concerne la montagne...

Carlos : Oui! Je suis né avec une condition physique qui m'aide, mais j'ai aussi appris à supporter la souffrance durant les épreuves de montagnes. Avec les expériences, j'ai amélioré mes habilités de cyclisme en montagne. Je me souviens quand j'étais enfant, après l'école, je retournais à la maison au pas de course afin de voir le Tour d'Espagne. Les étapes de montagnes ont toujours été mes favorites, et comme tu peux le comprendre, elles sont devenues ma passion. Éventuellement, je suis devenu celui qui se bat dans les montagnes.

Thomas : Et qu'en est-il des contre-la-montre?

Carlos : C'est quelque chose que je dois faire, et bien entendu, les contre-la-montre sont très importants pour gagner une grande course. Pour le tour français, tu dois travailler dur dans toutes les catégories d'étapes : les contre-la-montre, les étapes de montagne et sur du plat. Je travaille tout le temps sur chacune de ces épreuves. Le contre-la-montre n'est pas mon point fort et mes performances à ce niveau avant le tour 2008 n'étaient pas très fameuses...

Thomas : En effet, depuis longtemps, tu savais que c'était une de tes faiblesses. J'ai entendu dire que tu t'es entraîné en 2004 sur cet aspect avec Ivan Basso.

Carlos : Oui, je me suis entraîné avec Ivan, puis avec le Suisse Fabian Cancellara1 et après avec d'autres cyclistes. J'ai travaillé très dur sur ce point parce que je sais qui je suis, c'est-à-dire je connais mes forces et mes faiblesses. J'ai travaillé à l'entraînement afin de perdre le minimum de temps lors des épreuves de contre-la-montre. Je sais qu'il m'est impossible de battre Fabian ou un grand spécialiste parce que qu'ils ont beaucoup plus de puissance que moi pour ce type de course.

Thomas : Dans le Tour de France 2004, tu avais une côte fracturée et tu as quand même terminé au 8e rang du classement général. Pas mal pour un gars avec un os cassé! On voit que c'est important d'aller au-delà de l'adversité afin de terminer cette course de 3 500 km?

Carlos : Tu sais les gens ce donnent des limites. À vrai dire, nous nous donnons de limites dans nos vies. Le cyclisme m'a appris et m'a montré que les personnes en n'ont pas. Du moins, j'essaie tout le temps de les repousser. Dans une course, je travaille fort parce que je sais que je peux gagner et je veux savoir jusqu'où je peux me rendre. J'essaie de me pousser de cette façon et je pense que c'est une bonne manière de se connaître. Par exemple, après avoir donné un effort dans une course, je me repose, je relaxe et je prends le temps de réfléchir sur ce que j'ai fait. Après avoir récupéré, je me sens fort à nouveau tout en étant heureux de ce que j'ai fait. Bien entendu, quand je pousse au maximum dans une course, je souffre et je ressens de la douleur, mais je peux la supporter tout en sachant que les efforts que je donne en valent la peine.

Thomas : Revenons à ta victoire au Tour de France en 2008. À la 17e étape de l'Alpe d'Huez, tu as fait une attaque décisive. Peux-tu m'en dire davantage sur cette étape de montagne?

Carlos (explique avec passion) : Oui bien sûr, ce jour-là, je me suis poussé jusqu'à la limite. Je savais que c'était ma dernière opportunité de faire quelque chose lors de ce Tour de France. Je savais que je devais souffrir afin de prendre le plus de temps possible sur les autres cyclistes parce que mon rêve était en vue. L'équipe a fait un superbe travail. Mes coéquipiers ont travaillé fort et ils ont préparé l'étape pour moi. Je me sentais également fort physiquement et mentalement. Je savais où j'étais et ce que je voulais, donc, j'ai foncé.

Thomas : Toutefois, rien n'était encore terminé lors de ce tour. Tu devais résister lors de l'avant-dernière étape, un contre-la-montre. Cadel Evans, un spécialiste de ce type d'épreuve, était en deuxième position et n'était pas loin derrière toi au classement. La préparation, la stratégie et ta fougue ont rapporté puisque tu as résisté au contre-la-montre. Certaines personnes ont douté que tu serais encore premier après cette étape!

Carlos : Je sais que bien des personnes parlaient ainsi, mais j'étais calme, relaxe et je me sentais bien. Cependant, je dois dire que j'étais fatigué en raison de la course, mais je vivais un rêve. Oh que oui, j'appréciais ce rêve.

Je portais le maillot jaune et je me suis dit que si Cadel veut me battre, il doit être plus rapide que moi. J'avais l'avantage car je menais au classement général, donc, j'ai fait le contre-la-montre après lui. C'était la situation de l'étape.

Toutefois, bien des gens sont venus à moi et m'ont dit : « Carlos, tu dois faire un contre-la-montre incroyable. Le meilleur de ta vie. » J'ai répondu, ce n'est pas vrai. Si on regarde tous mes contre-la-montre au Tour de France et qu'on les compare à ceux de Cadel, il n'y a pas de problème. Dans les résultats passés, il était possible de voir que parfois il avait la moitié d'une minute d'avance sur moi, et à d'autres occasions, il était 12 à 15 secondes après moi. J'ai fait beaucoup de Tour de France et chaque tour c'était différent, mais en général j'avais gardé la même différence au contre-la-montre entre lui et moi. Donc, j'étais calme parce que je me sentais bien dans cette situation.

Cependant, si Cadel m'avait battu d'une manière décisive durant le contre-la-montre ce jour-là, je l'aurais félicité. J'aurais fait de mon mieux et c'était la chose importante. À ce moment là, j'avais le support de mes coéquipiers et de mon directeur sportif. Il s'est avéré que le contre-la-montre est allé à mon avantage. Ce fut donc une journée parfaite pour moi. Ha ha ha!

Thomas : Après, la récompense était incroyable...

Carlos : Oui, c'était extraordinaire pour moi et pour tous ceux qui me suivaient et me supportaient.

Thomas : Dans le cyclisme, tu dois toujours observer tes compétiteurs. Les gars comme Denis Menchov, Cadel Evans, Alejandro Valverde, Alberto Contador, Lance Armstrong, Andy et Fränk Schleck et bien d'autres cyclistes sont des gagnants. Tout ce peloton, est-ce que cela te poussent plus fort dans la course?

Carlos : Bien entendu, quand je veux faire quelque chose, je veux battre les autres. Cela te donne de la force et de l'énergie. Quand je me mesure à ceux que tu as énumérés, c'est vraiment bien, car la course est toujours bien organisé et sous contrôle. Gagner contre ces gars-là, c'est incroyable!

Derniers mots

Thomas : Est-ce que tu vois les jeunes cyclistes à tes trousses?

Carlos : En effet, j'ai maintenant beaucoup de jeunes compétiteurs et je pense qu'ils font très bien. Bon nombre d'entre eux ont du talent et ils ont une excellente attitude.

Bien sûr, ils ont encore beaucoup à apprendre concernant le cyclisme afin de prendre les bonnes décisions dans les situations particulières. Un problème fréquent chez les jeunes cyclistes, c'est qu'ils deviennent rapidement capitaine et ils ne savent pas comment prendre ces bonnes décisions. Selon moi, ils doivent en faire plus avant de devenir capitaine d'une équipe. Néanmoins, c'est important de développer les jeunes cyclistes car ils représentent le futur du sport.

Thomas : À titre de capitaine, est-ce que tu donnes des conseils aux autres cyclistes?

Carlos : Oh oui, s'ils me le demandent, je suis toujours là pour les conseiller. Mais je dois dire que je ne vais pas vers eux en leur disant tu dois faire ceci et cela. J'observe tout simplement. Dès fois, je peux dire à quelqu'un ce que je pense d’une situation même si ce n’est pas entièrement positif. De la même façon, si quelque chose va bien, je vais dire : « Continue de cette façon parce que tu fais du bon travail. »

Thomas : Et à propos de toi... Tu vas toujours donner tout ce que tu as?

Carlos (rit) : Bien sûr, je vais donner le meilleur de moi-même à titre de cycliste professionnel. Le jour où je ne pourrais plus donner mon meilleur, il sera temps de retourner à la maison.

Thomas (rit) : Bien Carlos et merci d'avoir partagé tes expériences de cyclisme et surtout sur le Tour de France.

1. Fabian Cancellara, surnommé Spartacus, est quatre fois champion du monde du contre-la-montre (2006, 2007, 2009 et 2010) et il a remporté la médaille d'or au contre-la-montre à Pékin, Chine en 2008.