14 février 2017

Joé Juneau

(info sur Joé Juneau)

Du hockey dans le Grand Nord du Québec

Thomas Kieller

Joé Juneau : Avec les couleurs des Canadiens de Montréal.

Fabricant de jeu éclairé, Joé était un joueur créatif sur le plan offensif. Le centre aimait orchestrer l’attaque avec ses coéquipiers par un jeu de passe efficace. Il a joué aux seins de plusieurs équipes de la Ligue nationale de hockey dont principalement les Bruins de Boston et les Capitals de Washington. Doué d’un coup de patin fluide, le Canadien a représenté son pays aux Jeux olympiques d’Albertville, France en 1992 où l’équipe a soutiré une médaille d’argent. Mais bien avant sa carrière professionnelle, il a opté pour un choix atypique en faisant un parcours scolaire et sportif. Après son passage dans le niveau collégial AAA, il s’est tourné vers les études universitaires. Tout en jouant au hockey, il a obtenu son diplôme en génie en aéronautique de l’Institut polytechnique Rensselaer dans l’état de New York. D’ailleurs, à la fin de sa carrière professionnelle, son université a souligné son travail en lui remettant un doctorat honorifique. Mais c’est de la National Collegiate Athletic Association (NCAA) qu’il a reçu, en 2016, le prestigieux Silver Anniversary Award remis chaque année à un groupe restreint de six athlètes-étudiants à travers les États-Unis. Le joueur de hockey originaire de Pont-Rouge, village de 5 000 habitants à l’époque, a de quoi être fier puisque cette mention démontre l’appréciation du travail qu’il accompli à titre de joueur dans les rangs universitaires et professionnels ainsi que pour sa contribution sociale après sa carrière de hockeyeur.

L’entrevue a été réalisée le 8 février 2017 à 12h25 au centre récréatif Joé-Juneau à Pont-Rouge, Canada.

Prélude – Joé arrive à la patinoire d’un air détendu et souriant. Il porte un t-shirt des Patriotes de la Nouvelle-Angleterre qui ont gagné quelques jours auparavant le Super Bowl LI. Nous prenons place à une table où nous débutons l’entretien sur son expérience dans le Grand Nord du Québec et sur l’implantation d’un programme de hockey.

Expérience au Nunavik

Thomas Kieller : Pourrais-tu me dire quand tu es parti au Nunavik et comment en es-tu arrivé à prendre la décision de développer un programme de hockey là-bas?

Joé Juneau : Le tout a commencé en 2005 lorsque j’ai fait un voyage qui n’avait rien à voir avec le hockey. C’était un voyage personnel de deux semaines que j’ai fait avec ma conjointe et un de nos amis communs. Durant ce voyage-là, on eu l’opportunité de passer du temps dans deux communautés inuites. À ce moment, on m’a raconté la situation de nombreux jeunes et j’ai vu cette réalité. C’est à partir de là que m’est venu l’idée de revenir dans le hockey après deux ans de retraite que j’avais pris en mai 2004.

Avec l’accord des leaders inuits, nous avons fait les démarches pour mettre quelque chose en place l’automne suivant. La première année a été consacré à faire le tour des communautés au Nunavik. C’était un projet pilote et c’était très exploratoire. Je me suis rendu compte que la seule manière d’implanter un programme de hockey, c’était d’aller vivre là-bas pour un certain temps afin de bien comprendre la culture et pour mieux connaître les gens avec qui nous pourrons développer une telle structure régionale. Tu le sais le Nunavik couvre un grand territoire. D’ailleurs, il n’y a pas de routes qui relient les 14 petites communautés.

C’était donc nécessaire d’aller y vivre. J’ai pu le faire avec ma famille. Nous nous sommes établis à Kuujjuaq en 2007 et 2008, lors de la 2e et 3e année du programme. Après ces deux années, il n’était plus possible de rester là à cause de l’éducation de nos enfants. Nos deux jeunes filles devaient allées à l’école primaire. À partir de ce moment-là, je me suis remis à voyager assez souvent entre Québec et le Nunavik.


Nunavik (superficie de 507 000 km2) – Communautés inuites : Akulivik (population 483), Aupaluk (174), Inukjuak (1 335), Ivujivik (328), Kangiqsualujjuaq (738), Kangiqsujuaq (552), Kangirsuk (470), Kuujjuaq (2 074), Kuujjuaraapik (593), Puvirnituq (1 390), Quaqtaq (314), Salluit (1 185), Tasiujaq (247) et Umiujaq (373). Communauté crie : Whapmagoostui (778).


Thomas : Ta femme t’a suivi facilement dans ton idée?

Joé : Oui, quand même car c’était possible puisque nos filles étaient très jeunes. On en a profité. C’était une belle expérience de vie.

Thomas : D’une part, pourrais-tu me dire comment as-tu trouvé le paysage comme la toundra? Et d’autre part, qu’en est-il de la culture inuite?

Joé : C’est sûr que le climat est différent, mais pour moi c’est un endroit où je suis très à l’aise. Quand on regarde le paysage c’est bien différent de Boston ou des autres villes où j’ai joué dans la Ligue nationale de hockey. Cela ne se compare pas du tout. La nature m’a toujours attiré. D’ailleurs, j’ai été très à l’aise d’être là-bas. Les deux années que j’ai vécu à Kuujjuaq ont été superbes.

Je ne dis pas que cela a toujours été facile. Bien au contraire, j’ai dû travailler des heures de fou. J’étais à l’aréna très souvent le matin à 5h pour en ressortir le soir, parfois à 20h. Pour ma conjointe, elle devait faire tout le travail et l’école à la maison pour les petites filles. Donc, cela n’a pas été toujours évident, mais je pense que ces années ont permis de développer le programme. Sans ma présence au Nunavik en tant que citoyen, on n’aurait pas pu faire progresser le programme ainsi.

Thomas : Je ne vais pas y aller par quatre chemins, j’aimerais savoir est-ce que c’est difficile de vivre dans un endroit comme celui-ci à cause du froid et de l’isolement?

Joé : Bien non, il faut juste s’ajuster. Il faut sortir avec un manteau chaud et s’habiller de la bonne façon. Il y a des gens qui ont survécu là depuis 3 000 ans. Avec les vêtements et l’équipement actuels, il n’y a aucune raison de n’être pas en mesure de passer à travers cela. Je n’ai eu aucun problème à ce niveau là. Il faut tout simplement s’ajuster et s’adapter.

Thomas : Est-ce qu’il y a beaucoup d’activités physiques offertes à la communauté tant pour les jeunes que pour les adultes?

Joé : Il n’y en a pas beaucoup, mais il y en a un peu plus que lorsque j’ai commencé à travailler au Nunavik. Il n’y avait presque rien. Lorsque j’allais dans les communautés, on me disait souvent que nos jeunes ont besoin d’être occupés et ils ont besoin de structures aussi. De plus, je me souviens d’être entré dans des arénas et des centres communautaires où il y avait par terre de nombreux rebuts de canettes et de sacs de croustilles. Je me rappelle aussi que lorsque j’allais à l’aréna très tôt et qu’il y avait eu un bingo la veille tout était à l’envers. Tu peux comprendre qu’il y avait donc beaucoup à faire.

Je pense qu’aujourd’hui la situation est meilleure. Bien entendu, ce n’est pas parfait. Si on avait plus d’aide et de participation des organisations en place, il est fort probable qu’il y aurait de meilleurs résultats. Malheureusement, les gens ne travaillent pas ensemble et les organisations qui devraient aider à ce genre de programmes ne le font pas.

Thomas : J’aimerais savoir, est-ce que les Inuits ont une grande appréciation du hockey?

Joé (dit avec enthousiasme) : Si le programme a du succès, c’est parce que le hockey est le sport de choix des jeunes. Certes, il voit cela à la télévision, mais ce n’est pas juste à cause de cela. C’est un sport que les jeunes et les adultes adorent pratiquer et cela concerne aussi bien les femmes que les hommes.

Programme de hockey pour les jeunes

Thomas : Tu as mis en place le Nunavik Youth Hockey Development Program (NYHDP) en 2006. Pourrais-tu me dire l’objectif principal et les sous-objectifs de ce programme?

Joé : C’est un programme de développement communautaire et social, comme les programmes hockey-école qu’on a ici. Le mot école est important. C’est en quelque sorte l’école de la vie avec l’enseignement des valeurs, des compétences de vie, du respect, de la confiance en soi, etc. C’est dans ce sens là que j’aime travailler.

Le programme est financé dans l’optique de prévenir la criminalité. Il est prouver dans de nombreuses études que d’occuper les jeunes amènent des gains au lieu de les voir trainer dans la rue à faire des bêtises.

Le sport c’est beaucoup comme la vie. Il y a des règlements à suivre, tu dois travailler en équipe et tu dois respecter ton entourage. Pour avoir du succès dans le sport comme dans la vie, tu dois suivre une façon de faire. Si tu veux gagner, il faudra travailler avec tes coéquipiers. Avec l’effort, la persévérance et la concentration que tu mets dans ta démarche, tu peux obtenir du succès. Le message adressé à ces jeunes est que si tu fais tout cela, tu verras du progrès d’année en année et que les succès suivront.

Pour moi, ce n’est pas seulement un programme de hockey, ce n’est pas un programme de sport-études destiné à l’élite, c’est un programme de développement social et communautaire surtout dans une région où il n’y en a pas de hockey mineur, d’équipe et de ligues. Il n’y a rien de tout ça. C’est donc du développement communautaire et social.

Thomas : Il n’y a pas de ligue?

Joé : Il ne peut pas y avoir de ligue. Il y a des villages où la population étudiante est d’environ 40. Comment veux-tu former des équipes? Au début, il n’y avait pas d’entraîneurs. Ceci était une autre problématique qu’on a dû surmonter. Comment développe-t-on des entraîneurs? C’est fort simple, cela prend de la patience. Pour développer des entraîneurs, il faut avoir des jeunes dans une structure pendant des années où ils vont grandir à jouer dans du hockey mineur. Quand ils seront plus âgés et que cela sera rendu à leur tour, ils vont devenir des instructeurs. On me demandait au départ de former des entraîneurs déjà adultes, mais qui n’avaient jamais eu la chance de bénéficier d’une structure. C’était complètement impossible. Nous avons essayé! Mais cela n’a pas marché. Les connaissances et les compétences n’étaient pas là. Par contre, en étant patient et en développant les jeunes au fil des années, nous voyons des résultats. Ils sont devenus des adultes et certains restent avec nous dans le programme à titre de jeunes instructeurs de hockey.

Thomas : Est-ce qu’il y a plusieurs communautés qui participent au programme?

Joé : Ce n’est pas toutes les communautés qui ont embarqué. Nous avons essayé et nous essayons encore. Cela dépend de différentes situations. Par exemple à Kuujjuaq, j’ai été là pendant des années à mettre en place la structure locale d’une très bonne façon. Et puis, quand je suis parti parce que je devais me concentrer sur d’autres facettes du programme, le village a engagé une personne de Montréal qui a décidé de faire cela à sa manière au lieu de suivre le même modèle.

C’est sûr qu’il y a plein de jeunes qui jouent. Par contre, quand nous recevons les jeunes de Kuujjuaq dans les camps de sélection, ils sont derrière les autres. C’est tout simplement parce que ce qui est enseigné sur la glace n’est pas fait de la même façon que notre programme le prescrit. Nous voyons des jeunes avec des techniques de base très faible. Certains jeunes de 16 ans ont de la difficulté à pivoter des deux côtés. Dans un bon programme, tu ne verras pas cela. Malheureusement, Kuujjuaq a décidé d'y aller à sa façon. Ceci s’est vu dans d’autres villages où il y a des gens qui arrivent du sud en essayant de faire leur marque. Au lieu de suivre le programme mis en place au point de vue régional, ils vont tout simplement faire à leur tête et implanter leurs propres affaires. C’est l’une des difficultés.

Il y a aussi le problème du roulement du personnel. Dans certains villages, nous voyons une ou des personnes s’investir dans les loisirs et mettre en place le programme de façon géniale. Lorsque ces gens quittent, ça dérape. Il y a donc des hauts et des bas. Avec les années, je pense donc qu’il y a six à huit villages qui sont en mesure d’appliquer le programme.

Thomas : Est-ce que tu as vu une grande implication des jeunes dans le programme au fil du temps tant chez les filles que chez les gars?

Joé : Eh bien oui, durant les deux premières années, nous avons fait le tour du Nunavik. Nous sommes allés dans toutes les communautés. Dans les écoles, nous donnions des fiches d’inscription aux jeunes et nous avons eu environ 1 200 inscriptions. Il y a de l’intérêt. Bon maintenant, est-ce que c’était possible d’avoir 1 200 jeunes dans le programme? Non, ce ne l’était pas. Il n’y avait pas de gérants d’aréna dans les villages et il fallait former les instructeurs. C’était très problématique. C’est 1 200 jeunes là n’avait pas d’équipement ou bien les parents n’avaient pas la capacité financière de leur en acheter un. C’est plutôt de 500 à 600 jeunes qu’il y a dans le programme d’année en année.

Joé Juneau : Entraîneur au Nunavik, Canada.

Thomas : D’ailleurs, parmi les jeunes qui y prennent part, est-ce que tu as vu une amélioration de leur condition physique?

Joé : Oui, cela a été prouvé dans l’étude « Inuit youth involvement in a competitive ice hockey program: improvements in aerobic capacity, but important gender difference » de l’université d’Ottawa en 2015. Dans la publication, c’est décrit de façon précise. Il y a eu beaucoup de progrès pour les jeunes au niveau de leur condition physique. C’est sûr que de participer dans un tel programme cela ne peut pas nuire.

Thomas : L’aspect physique est vraiment important, mais la pratique sportive amène beaucoup plus que ça. Est-ce que les jeunes ont aussi évolué sur le plan comportemental?

Joé : Oui, nous voyons plein de choses sur le terrain sur ce point. Malheureusement, il y a des élus au Nunavik qui ne croient pas que le programme rapporte en matière de la prévention du crime. C’est malheureux parce que nous qui sommes près du programme, nous voyons de merveilleux résultats. Certains ferment les yeux ou refusent d’y croire ou n’y croient pas tout simplement. Au bout du compte, il y aura plein de jeunes qui vont souffrir de ce manque.

Thomas : On connait les bienfaits de l’activité physique. Un peu à côté, il y a l’aspect nutritionnel qu’il faut considérer. C’est comment là-bas sur le plan nutritionnel?

Joé : En matière d’alimentation, il y a tout d’abord leur nourriture propre à eux : la viande de caribou, l’oie, la perdrix, le béluga, etc. De ce côté-là, ils ont la chance de bien se nourrir.

Par contre, dans les épiceries ce n’est pas fameux. Il y a beaucoup de produits préparés et congelés, de croustilles et autres produits moins nutritifs. Nous travaillons fort sur ce point. Nous disons aux jeunes que si vous voulez bien performer dans le sport que vous faites, il faut se nourrir en conséquence. Toutefois, ils sont un peu victime de la réalité où ils vivent. Il en reste que nous leur passons le message. Il y a d’ailleurs de belles histoires où les parents nous ont surpris. Ils nous ont dit que l’effet que nous avons eu sur leurs jeunes avaient eux aussi un effet sur eux, sur leur façon de vivre et de s’alimenter. Il y a des parents qui ont cessé de fumer et d’autres qui ont arrêté de boire. Ce n’est pas rien. J’écoutais dernièrement un documentaire de Radio-Canada justement sur le programme où une mère expliquait à quel point son fils avait eu un impact sur elle au niveau de prendre les bonnes décisions pour elle et sa famille. Elle a cessé de fumer, de boire tout en nourrissant mieux sa famille. C’est un témoignage très fort.

Thomas : Est-ce que tu vois une fierté de la communauté se rapportant aux jeunes qui participent au programme?

Joé (lance avec passion) : Ah bien oui c’est sûr! D’ailleurs, nous le voyons sur des photos. J’en ai ici si tu veux regarder les visages de ces jeunes là. Ceci est l’équipe pee-wee du Nunavik qui a remporté un tournoi provincial dimanche passé à Saint-Romuald. Puis eux, les jeunes habillés en blanc, ils sont de niveau batam et ils ont remporté deux semaines plus tôt le tournoi provincial qui avait lieu à Val-Bélair. Ces jeunes sont dans un programme et dans une structure où on leur demande d’être là à temps, de fournir l’effort nécessaire et de s’entraider. Dans quelle sorte de structure que celle-là ils peuvent être? Il n’y en a pas! Je suis allé au Nunavik depuis 11 ans, les parents nous le disent il y a rien d’autres que ça.

Les jeunes qui sont dans le programme se lèvent le matin pour être sur la glace à 8h30. Excuse-moi, mais le reste du village dort. Ces jeunes sont sur la glace et ils travaillent. Ils ont déjeuné et ils se sont bien nourris. Ils vont faire deux pratiques par jour pendant neuf jours pour finalement aller participer à un tournoi. À ce moment-là, si tu veux avoir du succès et bien il faut que tu le fasses en équipe et de la manière enseignée dans le camp préparatoire.

En bout de ligne, malgré qu’il n’y ait pas de structure de hockey mineur, les jeunes sont capables de rivaliser avec les équipes qui s’entraînent depuis le mois d’août. Tu sais, nous arrivons avec un groupe de jeunes du Nunavik qui sont ensemble depuis une semaine et demi, puis nous battons tout le monde. Au final, il y a de la fierté. Les jeunes en ressortent grandis. C’est vraiment magique. Il y a aussi l’estime de soi qui est grandiose. Encore là, s’ils n’ont pas cela, à quelle place dans leur vie ces jeunes là peuvent aller chercher cette estime de soi? Il ne faut pas se surprendre qu’il y a autant de suicide là-bas.

Un des messages qu’on leur dit dans le programme, c’est de ne jamais lâcher. Par exemple, l’équipe pee-wee du Nunavik que je t’ai montré et bien après deux périodes l’équipe tirait de l’arrière par le pointage de 2 à 0. Ils n’ont pas abandonné. Les jeunes ont égalisé et ont gagné le tournoi en temps supplémentaire. C’est un message qui va leur servir tout leur vie. Quand ils vont arriver à un moment donné face à une situation ardue, ils vont se rappeler de ne pas lâcher au lieu de se mettre la corde au cou… C’est la différence que ce programme fait sur des centaines de jeunes à chaque année.

Malheureusement, il y a des élus qui ne le voient pas ainsi. Il faut continuer à se battre c’est tout. Dès le début, je me suis investi pour les jeunes. J’y suis encore pour les mêmes raisons, car j’ai vu ce que cela amène. Je veux toujours aider ces jeunes par ce beau programme.

Thomas : Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer dans le programme et aussi pour aider la pratique sportive chez les jeunes du Nunavik?

Joé : Il faut une meilleure participation de plusieurs personnes et des organisations en place. Si la commission scolaire ne participe pas, c’est négatif. Si les fonctionnaires ne mettent pas l’épaule à la roue, nous avons un problème. Il y a plein de choses, mais pour moi si nous voulons que cela aille mieux, il faut que les instances en place nous aident.

Il faut mieux former les coordinateurs de loisir et les gérants d’arénas afin que les arénas soient mieux gérés et pour qu’il n’y ait pas de bris de système importants. D’année en année, les équipements dans les arénas brisent et ceux-ci sont mal supervisés. Il y a aussi le problème du roulement de personnel.

Tu le sais que je suis un professionnel en hockey sur glace. C’est ma vie. Mes compétences sont là-dedans. Je le vois quand cela fonctionne tout croche. Au bout du compte, ce que nous voulons c’est que les jeunes est un bon service.

Derniers mots

Thomas : Est-ce que tu es toujours heureux de partager ta passion et tes connaissances du hockey avec les jeunes?

Joé : Eh bien oui, tu le constates sans doute dans mes réponses. Je vais avoir 50 ans l’hiver prochain et c’est sûr que je suis encore très passionné à faire du hockey. Je ne le fais plus comme joueur, mais plutôt à titre d’instructeur en me servant du sport pour faire de l’enseignement à différents niveaux. La force du sport, c’est qu’on peut l’utiliser pour former des individus. Il ne s’agit pas seulement de former des athlètes et des joueurs de hockey. Quand le sport est bien appliqué avec une composante pédagogique, il peut avoir un impact incroyable sur la société. C’est un outil fort pour le développement communautaire.

Nous le voyons ici à Pont-Rouge où j’ai grandi. Quand tu rentres dans l’aréna, tu le sais que c’est le poumon du village. L’aréna où nous sommes présentement a pratiquement 50 ans. Mon oncle a travaillé ici pendant une trentaine d’années comme gérant et coordinateur des loisirs. Des gens viennent vivre à Pont-Rouge en raison des loisirs. Il faut investir dans ce domaine car c’est profitable. Cela évite d’avoir des problèmes éventuels. Il vaut mieux prévenir en injectant tout de suite au lieu d’attendre que cela dérape pour ensuite réparer.

Thomas : Avec l’exemple du Nunavik, il n’y a vraiment pas de frontière au hockey et aux sports bien entendu.

Joé : Oui absolument. On voit qu’aux États-Unis le hockey s’est répandu de façon magnifique. Et comme tu dis, il n’y en a pas de frontières. On pourrait en faire partout. Il faut tout simplement avoir les infrastructures en place. Dans les endroits où ce sport a été implanté, il apporte beaucoup à la communauté et à la société.

Thomas : Merci Joé pour l’entretien.

Joé : Merci à toi.